Par Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France
Raphael Bostic, président de la Fed d’Atlanta, avait été un des premiers membres de la Réserve Fédérale à s’exprimer après l’intervention « dovish » de Jerome Powell en décembre pour « corriger le tir » et les anticipations de marché.
Pour mémoire, c’est au cours de cette réunion de décembre, et à la surprise de certains observateurs, que le président de la Fed avait ouvert la voie à des discussions sur la baisse des taux. Des déclarations qui avaient encore plus détendu les taux américains (taux qui baissaient déjà depuis fin octobre…) et tiré les indices actions à la hausse.
Raphael Bostic, qui est pourtant une colombe de la Fed, habituellement partisan d’une politique monétaire plutôt accommodante, avait alors indiqué le 15 décembre, soit deux jours après les déclarations de Jerome Powell, qu’il projetait (seulement) 2 baisses de taux en 2024…et seulement à partir du second semestre. Très loin des anticipations de marché qui étaient à ce moment-là de 6 baisses de taux 2024, avec une première baisse dès le mois de mars. Une position un peu plus « faucon » également que le consensus des projections trimestrielles de la Fed qui indiquaient 3 baisses de taux prévues en 2024.
Il expliquait qu’il n’y avait pas d’urgence à sortir d’une politique monétaire restrictive, que le « moment de crier victoire n’est pas encore venu » et que la Fed devrait rester « vigilante ».
Dans une interview au Financial Times le 14 janvier, il a réitéré que la Fed devait maintenir ses taux inchangés au moins jusqu’à l’été pour empêcher un rebond de l’inflation.
Quelques jours plus tard (18 janvier), il a toutefois indiqué qu’il était « ouvert à une baisse de taux avant juillet » s’il y avait « des preuves convaincantes » que l’inflation ralentissaient plus vite qu’il ne l’anticipait. Ce qui ouvrait donc la possibilité d’une baisse de taux en mai ou en juin, mais pas mars.
La résilience de l’économie américaine et le très bon rapport sur l’emploi la semaine dernière lui donnent raison pour l’instant, ce qui accroît sa crédibilité auprès des marchés. Le taux 10 ans américain a rebondi de 30 points de base en l’espace de 3 jours seulement.
C’est même Jerome Powell qui a dû refroidir les anticipations de marché sur les baisses de taux lors de la réunion de la Fed la semaine dernière : il a jugé peu probable le scénario d’une baisse de taux en mars, indiquant même qu’il n’y avait pas eu de discussion en janvier sur les baisses de taux…une manière implicite de reconnaître que son message accommodant de décembre n’avait pas lieu d’être ?
Raphael Bostic s’exprimera à nouveau ce soir à 20h, nul doute que les marchés surveilleront avec attention ses propos