Tue. Nov 5th, 2024

Commentaire de Patrice Gautry, chef économiste à l’UBP

  • La BCE n’a pas baissé ses taux aujourd’hui, mais elle prépare une refonte complète de son approche et de ses outils pour sa prochaine réunion de septembre.
  • Alors que certains pensaient que la BCE allaient surprendre les marchés dès cette réunion de juillet, avec une baisse forte de ses taux directeurs, la BCE a préféré  prendre le temps de la réflexion sur l’ensemble de ses moyens d’action et pas uniquement le seul taux d’intérêt.
  • Déjà, l’objectif d’inflation est devenu « symétrique » autour de 2%, ce qui signifie que la BCE va accepter des périodes de hausse et de baisse de l’inflation autour de 2% et ne plus commencer à remonter ses taux dès que l’inflation progresse et s’approche des 2%. C’est un changement de philosophie en ligne avec la même réflexion observée du côté de la Fed.
  • Il a été rappelé que les taux ne remonteront pas avant la fin du premier semestre 2020 et, avec la nouvelle lecture de l’objectif d’inflation, il est probable que la BCE puisse aussi abaisser ses taux encore plus si l‘inflation observée et anticipée baissait encore.
  • La réunion  de septembre verra probablement une baisse de 10 ou 20 points du taux de dépôt des réserves des banques, assorti d’un nouveau double système de taux qui impactera différemment les banques selon leur taille et leur spécialité.
  • Mais, en même temps que les taux baisseront, la BCE devrait aussi présenter une réflexion sur les autres instruments de son action.
  •  En effet, la BCE s’est montrée assez inquiète- voire très très inquiète de l’évolution de l’activité dans l’industrie qui risque de se propager aux autres secteurs (services et immobilier), amenant une inflation encore inférieure à son objectif de moyen terme.
  • Si Draghi n’a offert que peu de détail sur le retour du QE, la réflexion progresse depuis le discours de Sintra, et il est très probable que les caractéristiques du prochain QE soient très différentes du précédent; il n’est pas exclu que celui-ci soit lancé au cours du second semestre si les conditions économiques ou de nouveaux chocs (commerce, géopolitique) apparaissaient. De nouveaux actifs pourraient y figurer, tout comme la taille et la durée des achats pourraient être associés au respect de l’objectif d’inflation, ce qui décuplerait les moyens d’actions de la BCE.
  • La BCE s’attèle ainsi à une réforme en profondeur de son action future, offrant un nouveau package de mesures monétaires, qui donneront encore plus de moyens à la future Présidente la BCE, Mme Lagarde.

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