Par Alexandre Perricard, directeur général et responsable de la gestion de taux d’Uzès Gestion
A l’unanimité de ses membres, le Conseil des gouverneurs a décidé de maintenir inchangés les trois taux d’intérêt directeurs de la BCE à :
● 4.50% pour les opérations principales de refinancement,
● 4.75% pour la facilité de prêt marginal,
● 4% pour la facilité de dépôt.
On notera la révision à la baisse des prévisions d’inflation sous l’effet d’une moindre pression des prix de l’énergie. La BCE anticipe désormais une inflation à 2,3 % en 2024, 2,0 % en 2025 et 1,9 % en 2026. Hors énergie et alimentation, la hausse des prix devrait atteindre 2,6 % pour 2024, 2,1 % pour 2025 et 2,0 % pour 2026.
La BCE souligne néanmoins que les tensions intérieures demeurent importantes en raison de la forte progression des salaires. A contrario, le caractère restrictif de la politique monétaire continue de peser sur la demande contribuant ainsi au ralentissement de l’inflation.
Les projections de croissance économique ont été revues à la baisse pour 2024 à 0.6%.
La croissance des revenus réels devrait cependant soutenir la consommation et l’investissement dès 2025 avec un rebond attendu de la croissance : +1.5% en 2025 et +1.6% en 2026.
A ce stade, le Conseil des gouverneurs continue de penser que les taux d’intérêt directeurs se situent à des niveaux idoines pour atteindre l’objectif de stabilité des prix. Si les signaux sont plutôt positifs en matière de désinflation, la BCE souhaite obtenir davantage de preuves de la soutenabilité du recul des pressions inflationnistes avant de donner une nouvelle inflexion à sa politique monétaire.
L’heure n’est donc toujours pas au desserrement des conditions de financement. A nouveau, les futures décisions de politique monétaire dépendront de l’évolution des données économiques (croissance, inflation, emploi et évolution salariale…).
Sur ce point, Christine Lagarde a pris soin de souligner que la BCE disposerait de plus d’éléments d’analyse en juin.
Aucun changement concernant le bilan de la banque. Le portefeuille du programme d’achats d’actifs (Asset Purchase Programme, APP) se réduit comme précédemment annoncé.
Le portefeuille du programme d’achats d’urgence face à la pandémie (Pandemic Emergency Purchase Programme, PEPP) sera réduit de 7,5 mds€ par mois au second semestre 2024 et les réinvestissements seront interrompus fin 2024.
Si le sujet central de la baisse des taux n’a pas été abordé par le Conseil des gouverneurs, les prémices d’une inflexion se font jour : le processus de désinflation se poursuit, les projections d’inflation évoluent dans la bonne direction, la croissance ralentit…
La BCE entend toutefois se donner du temps pour forger sa conviction et enfin pivoter. Nous comprenons en filigrane que la sortie de la séquence de stabilité des taux directeurs se rapproche et qu’elle pourrait intervenir en juin prochain.
Post conférence, les rendements souverains se détendent sur l’ensemble des segments de la courbe des taux. Le Bund concède 1.7pb à 2.30%, l’OAT -2pb à 2.75% et le 10 ans italien -2.2bp à 2.67%. Les spreads de crédit se resserrent modérément.