Hausse de la volatilité sur les marchés mondiaux
Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France
Conflit au Moyen-Orient, statu quo de la Fed et données macroéconomiques américaines, les marchés n’ont pas beaucoup de branches auxquelles se rattraper à court-terme.
Le pétrole Brent qui évoluait encore sous mes 60$ début mai, évolue depuis quelques jours dans la zone des 77$-78$, son plus haut niveau depuis janvier, sur fond d’intensification du conflit entre l’Iran et Israël, avec l’incertitude qui plane sur une intervention américaine dans la zone.
Et si les marchés actions cherchaient du côté de la Fed pour se rassurer, c’est raté. Jerome Powell n’ouvre toujours pas la porte des baisses de taux et la Réserve Fédérale a relevé sa prévision d’inflation « core PCE » à 3.1% (vs 2.8% lors des dernières projections en mars), en raison notamment des craintes inflationnistes liées aux taxes douanières. Jerome Powell a toutefois minimisé les craintes liées au rebond du pétrole dans ce contexte géopolitique, expliquant que ce sont souvent des phénomènes passagers.
Les investisseurs ont bien senti que c’est surtout la politique commerciale qui inquiète le président de la Fed par rapport à l’inflation. Et les marchés n’aiment pas cette situation à court terme car la Fed a abaissé sa prévision de croissance pour cette année (1.4% vs 1.7% en mars) et relevé légèrement sa prévision de taux de chômage…
On a également observé ces dernières semaines une hausse des inscriptions au chômage aux Etats-Unis (trois semaines consécutives d’inscriptions supérieures à 240k) et cela fait désormais deux mois que les ventes au détail se replient aux Etats-Unis (-0.1% en avril et -0.9% en mai). Les chiffres immobiliers n’aident pas non plus : les mises en chantier ont chuté de 9.8% en mai pour tomber à leur plus bas niveau depuis la crise Covid…
Les marchés, via les Futures Fed Funds, anticipent toujours deux baisses de taux cette année. Mais comme la Fed n’ouvre toujours pas la fenêtre à ces baisses, attendant d’avoir plus de données sur l’inflation dans les mois qui viennent, les investisseurs s’inquiètent de nouveau de la trajectoire de l’économie américaine.
Sachant également que les craintes sur la trajectoire budgétaire américaine persistent avec le « Big, Beautiful Bill » de Donald Trump toujours en cours de négociation au Sénat. Le taux 10 ans américain évolue à 4.40% ce matin, dans ce contexte de patience de la Fed et de pression haussière sur les cours du pétrole.
L’indice de volatilité du SP500, le VIX, grimpe de 8% ce matin.
Les indices européens subissent également cette pression, le CAC40 retombant sous les 7600 points pour toucher son plus bas niveau depuis le 30 avril.