Les rendements des obligations américaines à long terme atteignent des niveaux élevés
Par Grégoire KOUNOWSKI – Investment Advisor chez Norman K
La semaine dernière, trois éléments sont venus alerter les marchés. Tout d’abord, la dégradation de la note attribuée à la dette américaine par Moody’s, la dernière agence de notation qui attribuait encore un triple A aux Etats-Unis. Par la suite, mercredi dernier l’adjudication d’obligations US à 20 ans a reçu un accueil mitigé, avec une demande plus faible qu’attendu (près de 2,5 fois supérieure à l’offre).
Mais l’essentiel des craintes résulte de la « Big Beautiful Bill », une loi soutenue par la Maison Blanche et qui doit être adoptée par le Congrès. Des mesures qui visent à prolonger les exemptions fiscales décidées par Donald Trump lors de son premier mandat. Si le texte reste en l’état, cela devrait alourdir la dette américaine de 3000 à 4000 milliards de dollars et faire grimper le déficit public à au moins 10% du PIB d’ici 2035.
Un texte qui relance le débat au sein du parti républicain où les partisans d’une plus grande rigueur budgétaire cherchent à réduire l’ampleur de ces baisses d’impôts non financées et, par voie de conséquence, celle de la dette. Dans ce contexte, certains investisseurs se sont mis à douter. Jeudi et vendredi, le rendement des obligations US à 30 ans a atteint 5,15%, son plus haut niveau depuis 2007, tandis que l’obligation à 10 ans dépassait les 4,60 %.
De même au Japon, un pays qui a connu des taux d’intérêts historiquement bas, les rendements à 30 ou 40 ans ont eux aussi évolué vers un niveau record (3,17% et 3,63% respectivement). Jeudi, le rendement des obligations à 20 ans poursuivait sa progression pour atteindre 2,595 %, un seuil qu’ils n’avaient plus connu depuis le début du siècle. Une flambée qui peut s’expliquer par le peu d’appétit pour la dette japonaise dans un contexte macroéconomique particulièrement trouble. Le ratio dette/PIB a récemment dépassé 260 % alors que la Banque du Japon prévoit un faible taux de croissance de 0,5% pour 2025.
Si les taux obligataires des deux pays sont redescendus en ce début de semaine, certains n’excluent pas une remontée à long terme si les taux de croissance restent faibles.