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ACTION FUTURE 16 – Matières premières

Retranscription du colloque organisé avec le CNAM en novembre 2004 (Partie 2)

Caractérisés par leur volatilité, les grands marchés internationaux de matières premières ont traditionnellement fait l’objet de méthodes « fondamentales » pour prévoir leur évolution. Avec l’avènement de l’exploitation informatique permettant le suivi simultané et en temps réel de nombreux paramètres de marchés, tant sous forme statistique que graphique, les outils d’analyse technique sont devenus extrêmement performants et ont petit à petit gagné leurs lettres de noblesse. Ce séminaire intitulé « L’analyse technique est-elle devenue un outil incontournable des grands marchés internationaux de matières premières ? », proposé par le CNAM et ACTION FUTURE, fait le point sur l’importance de ces techniques et l’impact qu’elles peuvent avoir actuellement sur le comportement des acteurs, qu’ils soient opérateurs physiques ou investisseurs financiers. Nous vous proposons ici la suite de la retranscription de ce colloque dont la première partie a été publiée dans le numéro précédent (Action Future N°15)-

Rodolphe ROCHE, analyste technique chez PLANTUREUX
Je suis analyste technique pour le courtier Plantureux où nous intervenons sur les marchés des céréales notamment le blé et le maïs, que ce soit sur la place française, le MATIF, sur les places physiques, mais aussi sur les places américaines. Nous traitons également les oléagineux : le colza sur le MATIF, le canola sur le WINIPEG et le soja sur le CBOT.
L’analyse technique, il y a encore une dizaine d’années, n’était pas vraiment utilisée sur les marchés physiques. Or, depuis quelques années on s’aperçoit qu’il y a un véritable engouement pour ce type d’outils de décision. C’est la raison pour laquelle on m’a demandé d’intervenir, afin de vous donner des éléments de réponse sur les raisons de cet engouement. En deuxième lieu, on verra ce que recouvre mon métier d’analyste technique : je vous expliquerai ce que je fais pendant la journée, les avantages que j’ai à utiliser l’analyse technique comme outil de décision, ainsi que ses limites, car il y en a.
Si l’analyse technique est une méthode qui devient de plus en plus populaire parmi les traders, c’est tout simplement à cause d’une plus grande libéralisation des marchés de matières agricoles qui entraîne un accroissement des risques, mais aussi des opportunités sur le marché. Monsieur CHALMIN y faisait allusion, il y avait énormément de réglementations que ce soit aux États-Unis ou dans l’Union européenne avec la PAC qui régissait le monde agricole. Un exemple concret est le prix d’intervention. C’est un prix auquel l’Union européenne s’engageait auparavant à acheter n’importe quelle tonne de blé, d’orge ou de maïs à un prix fixe. Ce prix était particulièrement élevé il y a encore une dizaine d’années mais au fur et à mesure, libéralisation aidant, ce prix d’intervention a nettement baissé pour n’être aujourd’hui que de 100 euros par tonne. Cette garantie, qui représentait de l’argent « facile », ayant été abaissée, les traders des coopératives sur les marchés ont donc été obligés de trouver d’autres types d’analyse pour percevoir et affiner ce que le marché va faire prochainement sur les matières premières. En parallèle et de façon concomitante s’est produite la montée des relations inter-marchés sur nos produits. Auparavant, au sein de l’union européenne, nous étions protégés par la PAC, et les influences des cours du blé ou du soja sur le CBOT, pour ne prendre que cet exemple, étaient négligeables. Aujourd’hui à 16h30 tous les jours on regarde ce que va faire le CBOT car l’on sait que la tendance des cours va avoir une influence certaine chez nous en fin de journée. C’est également vrai pour les devises. Tout cela résulte donc de la plus grande libéralisation des marchés. Auparavant, les traders, et notamment les traders dans les coopératives agricoles étaient souvent recrutés en interne. Il pouvait s’agir par exemple d’un ingénieur agronome qui pouvait ensuite devenir responsable de la commercialisation de ces produits. Aujourd’hui, les mêmes sociétés font davantage appel à des professionnels du risque, des personnes qui savent le mesurer, pour s’occuper de la commercialisation des matières premières agricoles.

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