2026 : l’année du grand recalibrage »

Par Alexandre Drabowicz, Directeur des investissements, Indosuez Wealth Management
En 2026, les marchés devraient rester porteurs mais requièrent discernement et agilité pour identifier des sources de performance durable après plusieurs années de forte progression.
La stratégie d’allocation privilégie les actions, notamment américaines et émergentes, soutenues par un environnement macroéconomique favorable et l’innovation, tout en maintenant une approche équilibrée entre gestion active et passive.
Les obligations d’entreprises, surtout en Europe, et la dette émergente en devise locale sont préférées aux dettes souveraines, offrant un meilleur couple rendement/risque.
L’exposition à des actifs réels comme l’or, renforcée par la diversification des réserves et l’intérêt croissant des investisseurs, est jugée pertinente dans un contexte de volatilité accrue et de dollar affaibli. L’année qui vient pourrait également réserver quelques bonnes surprises aux investisseurs, justifiant la nécessité de rester flexibles dans les allocations.
L’année 2025 a démontré la pertinence de notre vision articulée autour de cinq messages clés : la poursuite du cycle d’assouplissement monétaire malgré des retards dans les baisses de taux ; la résilience exceptionnelle des États-Unis portée par l’innovation et la profondeur de leurs marchés ; le rôle moteur de l’intelligence artificielle et de l’électrification dans la croissance future ; l’émergence de l’ASEAN dans un contexte de réforme chinoise ; et enfin la pertinence de la gestion diversifiée pour conjuguer performance et résilience.
Nous nous attelons donc à renouveler l’exercice pour 2026, une année qui s’annonce sous le signe du recalibrage. Tout d’abord, l’environnement macroéconomique mondial reste favorable. La Réserve fédérale américaine devrait poursuivre son cycle de baisse des taux directeurs, contribuant à une politique monétaire globalement accommodante. Parallèlement, la croissance mondiale demeure résiliente, soutenue par la consommation et l’investissement. La position accommodante de la Fed – et la baisse de taux annoncée – exerce une pression baissière sur le dollar, ce qui renforce l’attrait des actifs risqués. Dans ce contexte, nous maintenons une position positive sur les actions, qui devraient bénéficier de conditions financières souples et d’une dynamique économique robuste.
Après une longue période de sous-investissement depuis la crise financière de 2008, les entreprises renouent avec des projets ambitieux. L’accélération de l’intelligence artificielle, notamment dans sa forme agentique ou autonome stimule les dépenses dans tous les secteurs. À cela s’ajoute un besoin urgent de modernisation des infrastructures, en particulier dans les domaines de l’énergie, du transport et de la défense. Ces transformations profondes justifient notre positionnement sur les petites et moyennes entreprises, souvent plus agiles et innovantes, ainsi que sur les actifs réels et les infrastructures. Nous privilégions également les entreprises qui facilitent l’adoption de l’IA ou qui bénéficient directement des investissements dans la défense. Ces deux thématiques soulignent l’importance croissante de l’électrification, qui, envisagée sous l’angle de la sécurité nationale et de l’indépendance énergétique, restera un pilier stratégique central pour 2026 et au-delà.
Priorité à la diversification intelligente
Du côté des marchés émergents, notamment en Asie, le rééquilibrage économique en cours dans la région crée un terrain fertile pour les investisseurs. En outre, la faiblesse du dollar joue un rôle déterminant : elle améliore la solvabilité des emprunteurs locaux endettés en dollars, facilite l’accès au crédit et stimule le commerce international. Les investisseurs étrangers, quant à eux, voient leurs actifs en devises locales s’apprécier, ce qui renforce leur bilan et encourage les flux de capitaux vers ces économies. Ce contexte soutient notre position positive sur les marchés émergents, qui combinent potentiel de croissance et amélioration des conditions financières.
Nous sommes convaincus que l’année pourrait réserver de bonnes surprises. Qu’il s’agisse de rebonds inattendus dans certains secteurs, de percées technologiques ou de résolutions géopolitiques, les signaux faibles sont nombreux. Cette posture d’ouverture à l’imprévu nous pousse à rester flexibles dans nos allocations, tout en gardant une capacité de réaction rapide face aux opportunités émergentes. L’histoire récente nous a confirmé que malgré un contexte géopolitique dont les enjeux pour 2026 restent multiples, les marchés peuvent surprendre positivement, et 2025 en a été une illustration.
Enfin, il est important d’insister sur la nécessité de rechercher un équilibre dans les portefeuilles. Après trois années de forte progression des actifs risqués, il est essentiel de piloter avec finesse. Cela passe par une diversification intelligente, qui privilégie la dette d’entreprises de qualité, l’or comme valeur refuge, et une moindre exposition au dollar. Cette quête d’équilibre permet de conjuguer performance et résilience, en s’adaptant aux évolutions du cycle économique et aux incertitudes géopolitiques en tenant compte des attentes des investisseurs. Dans un monde de recalibrage, une vision stratégique claire n’est pas un luxe, mais une nécessité pour transformer les incertitudes en opportunités.




