Sun. Nov 24th, 2024

Par Richard CLARIDA, conseiller économique Monde de PIMCO, Andrew BALLS, CIO Global Fixed Income, et Dan IVASCYN, Group CIO.

Suite au Forum Séculaire de PIMCO sur les perspectives macroéconomiques mondiales des 3 à 5 prochaines années

Le choc d’inflation post-pandémie et le cycle de relèvement des taux ont déclenché une forte hausse des rendements obligataires, ouvrant des perspectives pluriannuelles séduisantes pour les titres obligataires alors que l’inflation recule et que les risques s’intensifient sur d’autres marchés.

Résumé

L’économie mondiale continue de se remettre des retombées de la pandémie, notamment des dislocations commerciales, des interventions monétaires et budgétaires démesurées, de la flambée persistante de l’inflation et des accès de forte volatilité sur les marchés financiers. Lors du Forum séculaire de PIMCO de 2024, nous avons étudié les conséquences de ces perturbations, qui sont à l’origine de développements positifs inattendus, tout en créant également des risques à plus long terme.

Du côté des évolutions positives, la désinflation s’est matérialisée plus rapidement que prévu dans la plupart des économies développées. Par ailleurs, les risques macroéconomiques et inflationnistes semblent plus équilibrés que lors de notre dernier Forum séculaire il y a un an. Les banques centrales devraient en outre opérer un changement de cap et réduire leurs taux, mais probablement en suivant des calendriers différents.

Nous décelons toutefois trois domaines principaux dont les investisseurs ont tiré parti mais où ces derniers négligent peut-être les risques susceptibles d’apparaître sur notre horizon séculaire de cinq ans :

1. La relance budgétaire de grande envergure a alimenté la croissance exceptionnelle enregistrée récemment par l’économie américaine, mais elle a un coût : la trajectoire de la dette des États-Unis n’est pas viable et le gouvernement devra tôt ou tard remédier à ce problème. Entretemps, les marchés financiers devront de plus en plus se passer du soutien gouvernemental.

2. Si l’intelligence artificielle (IA) est appelée à réaligner les marchés du travail et à doper la productivité, il faudra sans doute plusieurs années avant de constater un impact économique significatif. Les investissements massifs qui ont accompagné la hausse rapide des cours boursiers ne sont pas sans rappeler les précédents booms technologiques.

3. Les valorisations des actifs semblent n’offrir que peu de protection sur certains marchés. Il s’agit notamment des actions, dont les valorisations semblent tendues, et des marchés de prêts directs aux entreprises moins bien notées, qui sont moins liquides et plus exposés aux taux variables.

Pour les investisseurs, le choc inflationniste et les fortes hausses des taux directeurs du début des années 2020 ont entraîné une remontée des rendements obligataires, qui intègrent désormais une importante protection contre l’inflation. Les rendements de départ affichent une forte corrélation avec les rendements à cinq ans. Ce contexte offre des perspectives à long terme attrayantes pour les rendements obligataires alors que l’inflation reflue, en particulier sur une base corrigée du risque par rapport à d’autres actifs. Les opportunités sur les marchés obligataires mondiaux semblent elles aussi inhabituellement attrayantes et diversifiées, la sélection active des pays et des titres jouant un rôle déterminant.

Cet environnement séculaire mérite selon nous de reconsidérer, voire d’inverser, l’allocation traditionnelle 60 % actions/40 % obligations. Alors que les banques se retirent de certains marchés, nous décelons également des opportunités attrayantes sur le au niveau des prêts adossés à des actifs, notamment dans les secteurs liés à la consommation compte tenu de la vigueur de la consommation américaine. La désintermédiation des banques et les besoins de capitaux créeront des opportunités dans le crédit immobilier commercial.

Les discussions du Forum séculaire ont abordé le rôle des États-Unis et de la Chine dans la transition vers un monde multipolaire susceptible de modifier les dynamiques de marché et politiques. Les dividendes de la paix dont ont profité les pays au cours des dernières décennies se muent en coûts des conflits qui pourraient bien constituer une force disruptive.

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