Par Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM
On pensait que la bataille contre l’inflation élevée était presque gagnée. En réalité, c’est plus compliqué qu’on le croit. Au Canada, l’inflation a surpris à la hausse en augmentant de 2,9% sur un an en mai contre 2,6% anticipés. Il est probable que la Banque du Canada réfléchisse à deux fois avant de baisser de nouveau les taux. Même chose en Australie à tel point que le marché monétaire prévoit désormais que la banque centrale australienne…pourrait augmenter ses taux en août !
Pourquoi nous intéressons-nous au Canada et à l’Australie ? Ce sont deux petites économies ouvertes qui sont généralement de bons indicateurs avancés des changements conjoncturels de l’économie mondiale. Le message qui est envoyé est clair : les pressions inflationnistes sont encore présentes. Un seul exemple : le prix du fret maritime continue de grimper à 4510 dollars contre 1200 dollars en fin d’année 2023.
En bourse, la concentration du marché demeure. Les dix plus grosses entreprises du S&P 500, qui représentent 32,61% de la pondération de l’indice, contribuent à 74% de la performance de la bourse américaine en 2024. Si on va dans le détail, on ne sera pas surpris d’observer une forte domination de l’intelligence artificielle. En excluant les valeurs de l’IA, le marché est en baisse de 2% depuis le début du mois de mars. Rien de très surprenant par rapport à ce qu’on a pu dire au cours des derniers mois. Il faut s’attendre à ce que la concentration s’accentue à court terme, en particulier en raison de l’essor de la gestion passive. Est-ce un risque ? Pas nécessairement. Dans les périodes de révolution industrielle, une telle concentration survient souvent et peut durer plusieurs années. Ce n’est pas un problème tant que les bénéfices sont au rendez-vous et que les entreprises ont des niveaux de trésorerie élevés.
Perspectives
La politique est au rendez-vous cette semaine. Le second tour des élections législatives en France aura lieu dimanche. Prudence sur les projections en termes de sièges à ce stade. Un regain de volatilité n’est cependant pas à exclure sur les actifs français dans les jours à venir. Mais nous n’envisageons pas de panique et encore moins une crise de la dette. Le pire n’est jamais certain. Les élections générales outre-Manche ont lieu le 4 juillet. Sans surprise, le parti travailliste devrait obtenir la majorité. Le Premier ministre conservateur sortant devrait perdre dans sa propre circonscription – une première dans l’histoire britannique. Enfin, Nate Silver, l’un des meilleurs prévisionnistes de l’élection américaine, a publié sa première estimation pour l’élection de novembre. En l’état actuel des forces, Trump a 66% de chances de l’emporter au collège électoral. Évidemment, beaucoup de choses peuvent survenir d’ici novembre.