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Ce n’est qu’un au revoir

Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM

Il ne fallait pas être grand clerc pour savoir que la Réserve Fédérale américaine (Fed) allait baisser de 25 points de base son taux directeur en décembre. En revanche, l’incertitude est grande pour 2026. Le FOMC est partagé sur l’état réel de l’économie américaine. Bonne nouvelle toutefois, personne ne s’attend à un regain d’inflation. Les avis divergent entre ceux qui considèrent que l’économie américaine va accélérer l’an prochain sans mesure de soutien supplémentaire et ceux qui s’inquiètent d’un ralentissement du marché du travail. En outre, quelle attitude va adopter le successeur de J. Powell au printemps. Va-t-il prendre son indépendance ou faire acte d’allégeance à la Maison Blanche et opter pour des baisses de taux massives ?

Nous pensons que la raison va finir par l’emporter. Nous tablons sur deux baisses de taux supplémentaires de 25 points de base chacune, portant le taux terminal à 3%. L’inflation devrait rester proche de 3%, sans toutefois susciter d’inquiétudes. Quant à l’emploi, il ralentit mais sans atteindre des niveaux préoccupants. Autre bonne nouvelle, ce n’est pas lié à l’IA, pour l’instant. Selon le rapport Challenger, l’IA est responsable de 71,683 suppressions d’emplois sur la période allant de janvier à novembre. Cela représente seulement 5,6% du total des emplois supprimés. C’est marginal.

À surveiller

Nous sommes confiants pour les actions en 2026. Certes, l’histoire ne se répète pas toujours. Mais il est intéressant de l’étudier. Lorsque le Nasdaq Composite progresse pendant trois années consécutives après une perte annuelle comme en 2022, l’historique depuis le début des années 1970 montre que ces gains annuels se sont poursuivis jusqu’à la quatrième année dans les deux tiers des cas. Ces gains sont, en général, amplifiés si cela coïncide avec une période de baisse des taux. Ça tombe bien, ce sera le cas en 2026 !

Bien sûr, l’année à venir n’est pas exempte de risques. Comme tous les ans, il y aura une correction boursière afin que le marché reprenne son souffle. Difficile en revanche de savoir ce qui la produira. Quatre risques importants sont à prendre en compte :

  • La déflation chinoise demeure et s’exporte en Europe puisque seul notre continent ouvre grand ses portes aux marchandises chinoises, à l’inverse de la stratégie américaine.
  • L’intégration dans la finance traditionnelle des crypto-monnaies peut comporter des risques en termes de stabilité financière. Certains analystes considèrent que la phase de baisse marquée des actions en novembre a été en partie provoquée par l’effondrement du Bitcoin.
  • Les tensions sur le crédit privé américain. C’est un peu sous les radars. Mais cela montre que la finance américaine, même si elle se porte bien dans l’ensemble, comporte des fragilités. À surveiller de près.
  • Une hausse surprise du pétrole. Le consensus prévoit une poursuite de la baisse en raison d’une demande faible. Attention, cela se base sur les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie qui sont d’habitude peu fiables. Au cours des 18 dernières années, l’agence a systématiquement sous-estimé la demande. On ne peut pas exclure que ce soit encore le cas pour 2026. Une hausse de la demande dans un contexte d’offre contrainte pourrait immanquablement provoquer une flambée du pétrole (probablement pas suffisante toutefois pour remettre en cause la trajectoire baissière de l’inflation).
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La géopolitique sera sans doute au rendez-vous également. Elle a tendance à provoquer des excès de volatilité plutôt que des changements structurels de direction sur les actions. Il convient donc de relativiser ce risque.

A noter

Tout va plutôt bien du côté des matières premières. L’indice Bloomberg Commodity, qui fait référence sur le marché, est en hausse de 15% depuis janvier*. La hausse des prix est quasiment généralisée. Mais ce sont surtout les métaux qui tirent leur épingle du jeu, tandis que l’énergie est un peu en berne.

*Bloomberg, en date du 09/12/2025

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