Sun. Dec 22nd, 2024

Par Dorian Raimond, Directeur du Trading et de la Stratégie obligataire d’Hilbert
Investment Solutions

Après un pic émotionnel et une vague d’incertitudes de 3 semaines, le scenario central du
second tour des élections législatives s’est finalement réalisé. Aucune majorité ne s’est
dégagée de ce scrutin « express », consacrant la réalité d’une France divisée en 3.
Bien que le premier groupe représenté, le Nouveau Front Populaire, prône un programme craint
par les marchés financiers, la composition finale de l’hémicycle exclut a priori tout risque de loi
majeure et partisane, ce qui semble réduire la probabilité de nouvelles dépenses importantes
pour les trois années à venir.
Même si les taux d’emprunt français vont probablement garder une prime de risque supérieure
à ce qu’elle était avant le 9 juin, les craintes de déroute budgétaire devraient se dissiper. La
coloration de l’Assemblée Nationale laisse présager d’une responsabilité parlementaire qui
sera engagée pour des budgets mesurés. Au terme de ces élections rocambolesques, les
scores additionnés de la majorité présidentielle, du Parti socialiste et des Républicains
témoignent par ailleurs d’une confirmation de la trajectoire européenne du pays. Pas de
changement de paradigme de ce côté-là, ce qui constitue une demi-surprise voire plus au
regard du score du Rassemblement National lors du tout récent scrutin européen.


Des dividendes sous surveillance


Dans ce contexte, les marchés actions français devraient reprendre des couleurs, en particulier
les titres qui ont subi une forte décote par crainte de nationalisations (d’acteurs dans
l’infrastructure notamment) et de privatisations (dans l’audiovisuel public par exemple). De
même, les gros exportateurs, les banques et les plus grosses capitalisations boursières devraient in fine éviter de se retrouver sujettes à des ponctions fiscales extraordinaires (ou en
tout cas être de moindre envergure). Sur ce dernier point, on ne peut cependant exclure des
répercussions sur les politiques de dividendes, par opposition aux rachats d’action, si
d’aventure des taxes extraordinaires venaient à viser spécifiquement les coupons.


La fin de l’état de grâce ?


L’élan apporté aux marchés français par les années Macron appartient cependant désormais
au passé et tout porte à croire qu’il faudra attendre trois ans et les élections présidentielles de
2027 avant de savoir choisira alors une nouvelle orientation claire. Trois longues années
pendant lesquelles les actions françaises devraient rester investissables, mais sans prime
particulière comme celles qu’elles ont pu connaitre ces dernières années.

Juste avant la France, le Royaume-Uni a de son côté donné une large majorité au parti
travailliste, qui devrait travailler plus étroitement avec l’Union Européenne. Une évolution
intéressante à surveiller elle aussi, dans un contexte global de démondialisation.


Alors que les élections britanniques et françaises sont maintenant derrière nous, les marchés
vont rapidement rentrer dans la période estivale et les volumes devraient logiquement diminuer.
Toutefois, n’oublions pas les chiffres de l’inflation, qui restent plus modérés localement, tandis
que ceux de l’emploi ont déçu aux Etats Unis, l’un et l’autre ayant entraîné une baisse des
rendements obligataires.


Enfin, avec la perspective des élections présidentielles américaines et des spéculations sur le
maintien de la candidature de Joe Biden, un regain de volatilité et des risques baissiers seront
aussi plausibles après la période estivale.

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