César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management
Sans surprise, la volatilité s’est accrue pour l’ensemble des actifs américains à l’approche des élections. Certains géants de la technologie ont progressé en fin de semaine, mais les investisseurs restent préoccupés par l’ampleur des dépenses des «Magnificent Seven» dans l’intelligence artificielle et les projections médiocres ont été sanctionnées, ce qui a fait plonger l’indice S&P 500[i] de 1,35% (en dollars). Les créations d’emplois et l’indice ISM manufacturier ont déçu, ce qui laisse présager d’une baisse des taux de la Fed cette semaine. Mais l’envolée de la composante «prix payés par les fabricants» a provoqué une hausse de 13 pb des rendements souverains à 10 ans, qui ont clôturé la semaine à 4,4%. Par ailleurs, les rendements des Gilts britanniques ont encore augmenté après l’annonce d’un budget d’automne impliquant un recours accru à l’endettement public et d’importantes hausses d’impôts. Le dollar a progressé modérément en raison de la hausse des rendements obligataires, alors qu’une baisse des taux de la Fed de 25 pb se profile.
Les élections américaines seront au centre des préoccupations des marchés. Ces derniers aimeraient un résultat sans appel pour se positionner clairement, mais l’incertitude domine dans ce scrutin qui s’annonce serré. Les inquiétudes budgétaires devraient d’ailleurs persister, quel que soit le vainqueur. La Fed devrait abaisser ses taux de 25 pb jeudi, sachant que le PMI des services de l’ISM publié plus tôt dans la semaine constituera un indicateur important de la santé de l’économie américaine. En Suisse, une inflation inférieure aux attentes pourrait inciter la BNS à agir résolument en décembre. Nous sommes neutres à l’égard des obligations suisses. Sur le front des bénéfices, les déceptions ont touché plusieurs secteurs la semaine dernière et un grand constructeur automobile européen a demandé à son personnel d’accepter une réduction de salaire de 10%. Un rachat d’actions pour 3 milliards de dollars dans le secteur bancaire confirme notre analyse selon laquelle les dividendes et les rachats d’actions représentent une part croissante des performances totales des actionnaires.Les estimations de bénéfices sont revues à la baisse, mais les prévisions pour 2025 semblent toujours optimistes. Nous sous-pondérons les actions des marchés développés.
[i] Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Performances passées, S&P 500 Composite (rendement net sur 12 mois en dollars): 2019, 31,5%; 2020, 18,4%; 2021, 28,7%; 2022, -18,1%; 2023, 26,3%