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IA : ces « signaux faibles » que les marchés financiers américains devraient considérer

Par Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France

Même si la séance de vendredi a été un peu plus volatile, le SP500 et le Nasdaq100 restent très proches de leur sommet historique, faisant peut-être preuve d’un peu de complaisance face à certains « signaux faibles ».

Et il y en a eu plusieurs ces dernières semaines.

Le premier « signal faible » vient du PDG d’Anthropic lui-même via des propos sans détour. Il a déclaré, début décembre, que l’industrie était confrontée à un « véritable dilemme » : trouver un équilibre entre la nécessité de réaliser des investissements coûteux dans des centres de données dont la mise en place peut prendre plusieurs années, et « l’incertitude quant à la rapidité avec laquelle la valeur économique va croître » grâce à l’intelligence artificielle. Ajoutant que « en tant qu’entreprise, nous essayons de gérer notre entreprise de la manière la plus responsable possible ».

Et puis il a eu cette phrase marquante : « Et je pense que certains acteurs font du YOLO ».  En référence à des comportement financiers à risque, l’expression « YOLO » signifiant « on ne vit qu’une fois » …de quoi rappeler certains épisodes d’excès notamment lors de la bulle internet.

L’autre « signal faible » est l’épisode entre The Information, le média américain spécialisé sur l’industrie technologique, et Microsoft. Il y a quelques semaines, The information indiquait que plusieurs divisions de l’entreprise avaient abaissé les objectifs de croissance des ventes pour certains produits d’intelligence artificielle après que plusieurs commerciaux avaient manqué leurs objectifs au cours de l’exercice fiscal qui s’est achevé en juin. Ce rapport se basant sur les déclarations de deux vendeurs de l’unité Azure de Microsoft. Le géant informatique avait démenti dans la foulée indiquant que « L’article de The Information associe de manière inexacte les concepts de croissance et de quotas de vente ».

Autre « signal faible » : les déclarations des responsables de Broadcom malgré des résultats trimestriels nettement supérieurs aux attentes. Le PDG de Broadcom Hock Tan a indiqué que l’entreprise a un carnet de commandes de 73 milliards$, qu’elle prévoit de livrer au cours des 18 prochains mois, mais la directrice financière Kirsten Spears a indiqué que les marges bénéficiaires pourraient diminuer.

« Nous prévoyons une baisse de la marge brute consolidée d’environ 100 points de base au premier trimestre par rapport au trimestre précédent, principalement en raison d’une part plus importante des revenus liés à l’IA »

Broadcom n’a également pas actualisé ses prévisions annuelles pour 2026 concernant le chiffre d’affaires lié à l’IA, le PDG expliquant qu’il s’agissait d’un « objectif évolutif ».

« Il m’est difficile de prévoir précisément ce que l’année 2026 nous réserve ».

« Je préfère donc ne pas vous donner d’indications. »

Et enfin, le dernier « signal faible » vient d’Oracle. Au total, la société affiche une dette supérieure à 106 milliards$ et a publié des résultats trimestriels légèrement inférieurs au consensus dans plusieurs compartiments (chiffre d’affaires global, revenus liés aux activités cloud et marge opérationnelle).

Le CDS 5Y d’Oracle (c’est-à-dire le prix du « contrat d’assurance » pour se couvrir contre un défaut de l’entreprise) s’est redressé depuis quelques mois pour atteindre son plus haut niveau depuis la crise des subprimes.

Alors oui, les investisseurs ont sanctionné le titre depuis plusieurs mois avec une correction de 46% depuis son sommet historique de septembre…mais si tous les signaux faibles qui viennent d’être listés traduisent une tendance plus globale d’excès d’anticipation et d’endettement dans le secteur de l’intelligence artificielle, alors les grands indices boursiers américains, et notamment le Nasdaq100 et le SP500, devraient afficher des corrections plus importantes à court-terme et entamer une phase de consolidation souhaitable, alors que les niveaux de valorisation du SP500 en terme de bénéfices anticipés (P/E forward) continuent de se rapprocher de ceux de la bulle internet.

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