Par Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM
Comparons les plus grandes capitalisations depuis le début de l’année.
Côté européen, Novo Nordisk est en hausse de 6%, LVMH en repli de 18% et SAP fait figure d’exception avec une progression de plus de 50%.
Côté américain, la hausse de Nvidia approche les 200%, Apple est en progression de 17% et Microsoft de 12%.
Simple accident de parcours à cause de la forte exposition de l’Europe à la Chine et à cause du luxe qui a trébuché? Ce n’est pas l’avis du chercheur David Le Bris qui a publié une étude passionnante sur l’évolution des actions françaises depuis 1854. La conclusion est sans appel: européennes et américaines et leurs performances.
Les actions françaises sous-performent les actions américaines, et cela s’est accentué à partir de 1914. En cause: la forte domination des entreprises de services dans le CAC 40 qui sont moins promptes à innover, à accroître la productivité. Historiquement, le poids de l’industrie a toujours été faible à la bourse de Paris. C’est en 1961 que l’industrie a atteint son apogée dans l’indice…avec (seulement) 10 entreprises du secteur, parmi lesquelles Rhône Poulenc, Saint Gobain et Péchiney. En 1892, en pleine révolution industrielle, le CAC 40 ne possédait pas d’entreprise industrielle en bourse, par exemple. Évidemment, ce n’est pas le seul facteur qui explique la sous-performance chronique du CAC 40. Mais c’est révélateur…
Quelle leçon en tirer en tant qu’investisseur? Il faut peut-être regarder de l’autre côté de l’Atlantique si on est à la recherche de rendement. La victoire de Trump devrait aboutir à une baisse de la fiscalité des entreprises qui devraient leur permettre d’innover et d’avoir de confortables marges. À l’inverse, nous pensons que la croissance des bénéfices par action de 9% l’an prochain attendue pour les entreprises du CAC 40 est…optimiste au regard des risques liés à la Chine et à la guerre commerciale.
Perspectives
Plutôt calme du côté des statistiques cette semaine. En zone euro, les prix à la consommation devraient toujours rester proches de la cible de 2%. Cela confirme notre scénario : la Banque Centrale Européenne devrait baisser son taux directeur de 25 points de base pendant toutes les réunions à venir jusqu’à mi-2025. Outre-Manche, l’inflation devrait ressortir sous 2%. Là encore, cela laisse une marge importante à la Banque d’Angleterre pour abaisser le loyer de l’argent dans les mois à venir.
Le saviez-vous?
En matière de lutte contre le changement climatique, la France est souvent présentée comme un mauvais élève. Pourtant, selon l’INSEE, l’empreinte carbone de notre pays a diminué de 26% depuis 2008. Mieux encore, l’empreinte individuelle d’un Français a diminué de 31% depuis 2007 (à 9 t/an vs 2t/an pour la neutralité carbone en 2050).