Par Charlotte de Montpellier – Senior Economist – ING France
La croissance du PIB en France a été plus rapide qu’attendue, de 0.2% sur le trimestre. Une accélération de la croissance dans les prochains mois est peu probable.
Croissance plus forte que prévu
La croissance trimestrielle du PIB français s’est établie à 0.2% au premier trimestre, un chiffre un peu meilleur qu’attendu, après une hausse de 0.1% au quatrième trimestre 2023. La croissance du PIB a été permise par une reprise de la demande intérieure finale, notamment la consommation des ménages, qui augmente de 0.4% sur le trimestre, grâce à une hausse de la consommation alimentaire, énergétique et de services. Les investissements sont également en hausse au niveau des entreprises (+0.5% contre -0.8% le trimestre précédent), en particulier grâce aux investissements en information-communication, comme des administrations publiques (+1.5% contre +0.4%). En revanche, les investissements des ménages continue de diminuer nettement, de 1.5% sur le trimestre après une chute de 6.9% en 2023.
Toutes ensembles, les différentes composantes de la demande intérieure contribuent ainsi pour 0.4 points à la croissance du PIB contre une contribution nulle au trimestre précédent. En revanche, la contribution du commerce extérieure devient nulle, après avoir fortement contribué à la croissance en 2023, les importations étant reparties à la hausse (0.2% sur le trimestre, contre une chute de 2.3% au T4). Une fois encore, les stocks contribuent très négativement à la croissance, de -0.2 points.
En termes de secteur, ce sont sans surprise les services qui ont porté la croissance au cours du trimestre, leur production augmentant de 0.8% sur le trimestre. La production manufacturière a légèrement diminué, de 0.1%, et celle de la construction est restée stable.
L’économie française a donc démarré l’année d’une façon plus dynamique que prévu. En outre, la croissance a été revue à la hausse au troisième trimestre 2023. Tout cela permet que l’acquis de croissance à l’issue du premier trimestre soit plus important qu’anticipé, pour s’établir à 0.5%. Cela signifie que la prévision de croissance du gouvernement de 1% pour l’année sera plus facilement atteignable que prévu, même si cette prévision reste ambitieuse.
Pas d’accélération de la croissance en vue
Pour la suite, les indicateurs ne signalent pas à une accélération forte de la croissance. Au contraire. Le climat des affaires s’est dégradé en avril, aussi bien dans l’industrie que les services et le bâtiment. Les chefs d’entreprises sont nettement moins confiants concernant l’activité future. La confiance des consommateurs est reparti à la baisse en avril, s’établissant 10 points en dessous de sa moyenne historique. Les Français semble plus pessimistes concernant l’évolution future de leur situation financière et sont plus nombreux à vouloir épargner. Ces premières données pour le deuxième trimestre indiquent que la croissance économique ne devrait pas accélérer fortement au cours du printemps, et qu’elle restera probablement modérée. L’embellie pourrait venir du contexte international, et donc des exportations, dans un contexte où l’économie allemande semble sortir de son creux conjoncturel. Une croissance trimestrielle comprise entre 0.1 et 0.2% au deuxième trimestre est probable. Une croissance un peu plus dynamique pourrait se faire sentir au cours de la deuxième partie d’année, l’inflation plus faible permettant aux ménages de gagner du pouvoir d’achat, ce qui serait bénéfique à la consommation si la confiance des consommateurs ne se dégrade pas davantage, et la baisse des taux d’intérêts pouvant faire repartir à la hausse l’investissement des ménages, même si la politique budgétaire plus restrictive pourrait limiter l’accélération attendue. In fine, nous tablons sur une croissance du PIB de 0.8% pour 2024, après 0.9% en 2023. Pour 2025, nous prévoyons une croissance de 1.3%.