Après une longue période de baisse, le climat des affaires tend légèrement à s’améliorer. En décembre, l’indicateur qui le synthétise, calculé par l’INSEE à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité marchands, gagne en effet un point. À 98, il reste toutefois au-dessous de sa moyenne de longue période (100). Ce léger rebond résulte notamment de l’amélioration conjoncturelle dans le commerce de détail avec une légère reprise de la consommation.
Dans le commerce de détail (y compris commerce et réparation d’automobiles), le climat des affaires s’améliore nettement, porté par les soldes d’opinion sur les effectifs prévus, les perspectives générales du secteur et les intentions de commandes. Dans l’industrie, le climat des affaires est également en légère amélioration, à la faveur des perspectives favorables en matière de production. Dans les services, le climat des affaires est plus porteur en raison du regain d’optimisme des chefs d’entreprise concernant leurs perspectives personnelles d’activité et celles du secteur. Dans le bâtiment, le climat des affaires est stable en décembre, un peu au-dessus de sa moyenne.
En décembre, l’indicateur synthétique de climat de l’emploi est stable. À 100, il reste au niveau de sa moyenne de longue période.
Confiance des ménages en France : poursuite de la lente amélioration
En décembre, la confiance des ménages en France, mesurée par l’INSEE, s’améliore légèrement. À 89, l’indicateur qui la synthétise gagne un point et augmente pour le troisième mois consécutif. Il reste cependant bien au-dessous de sa moyenne de longue période (100 entre janvier 1987 et décembre 2023).
En décembre, le solde d’opinion des ménages relatif aux perspectives d’évolution de leur situation financière est stable, alors que celui sur leur situation financière passée augmente légèrement (+1 point). Ces deux soldes restent toutefois au-dessous de leur moyenne de longue période.
Les ménages en France sont toujours en mode épargne. Le solde d’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne future s’améliore nettement en décembre 2023 (+4 points). Le solde correspondant à la capacité d’épargne actuelle gagne 1 point. Ils restent tous les deux au-dessus de leur moyenne de longue période. En décembre 2023, le solde d’opinion des ménages sur l’opportunité de faire des achats importants reste stable, tout comme le solde de ceux qui estiment qu’il est opportun d’épargner. Le solde relatif à l’opportunité de faire des achats importants reste bien au-dessous de sa moyenne historique alors que celui concernant l’opportunité d’épargner reste bien au-dessus. Pour autant, la consommation semble en légère augmentation en France au vu des derniers résultats publiés par l’INSEE et selon les indications fournies par le réseau des cartes bancaires.
Les Français n’intègrent pas encore le ralentissement de l’inflation. La part des ménages qui considèrent que les prix ont fortement augmenté au cours des 12 derniers mois diminue très légèrement. Le solde d’opinion associé perd un point mais demeure très largement au-dessus de sa moyenne de longue période.
En décembre, le solde d’opinion des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France va s’améliorer au cours des 12 prochains mois est quasi stable, tout comme celui des ménages qui considèrent que le niveau de vie s’est amélioré au cours des 12 derniers mois. Les deux soldes d’opinion gagnent chacun un point mais restent bien au-dessous de leur moyenne de longue période.
La légère hausse du taux de chômage n’inquiète pas les ménages en cette fin d’année. En décembre, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage sont quasi inchangées. Le solde associé perd un point et demeure au-dessous de sa moyenne de longue période.
Croissance : la Banque de France relativement optimiste
Après un premier semestre correct, le PIB a connu un léger repli au troisième trimestre (-0,1 %). Selon la Banque de France, le PIB progresserait à un rythme de +0,1 % au quatrième trimestre, grâce aux services marchands. La France éviterait ainsi la récession. Sur l’ensemble de l’année 2023, la croissance serait de 0,8 %. En 2024, la croissance du PIB demeurerait à 0,9 %, mais serait davantage tirée par la demande intérieure qu’en 2023, tandis que la contribution du solde extérieur deviendrait légèrement négative. La consommation des ménages serait portée par les gains de pouvoir d’achat mais serait un peu pénalisée par la légère remontée du taux de chômage. En 2025, la croissance du PIB augmenterait légèrement pour atteindre 1,3 %. La consommation continuerait à soutenir la croissance du PIB. La contribution de l’investissement redeviendrait de son côté positive (à 0,2 pp, après -0,2 pp en 2024). L’impact négatif des hausses de taux d’intérêt sur l’investissement privé commencerait à se réduire en 2025. En 2026, la Banque de France prévoit une croissance du PIB de 1,6 % en moyenne annuelle, soit un rythme supérieur à la croissance potentielle. Les économistes de la banque centrale estiment que les effets récessifs liés à l’augmentation des prix de l’énergie s’atténueraient. Le taux d’épargne est attendu également en baisse, ce qui favoriserait la consommation.
Un retour de l’inflation dans sa zone cible
Mesurée ici par l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), l’inflation est passée de 7,3 % en glissement annuel au mois de février à 3,9 % en novembre 2023. Cette baisse s’explique par le recul de l’inflation de l’alimentation et des produits manufacturés. De son côté, la hausse sur un an des prix des services s’est maintenue autour de 4,0 % depuis février, traduisant en particulier la diffusion progressive des revalorisations du Smic et des salaires négociés au niveau des branches d’activité. En novembre, l’inflation dans les services a reculé à 3,2 % en novembre. Sur l’ensemble de l’année 2023, l’inflation totale s’établirait à 5,7 % en moyenne annuelle, et l’inflation hors énergie et alimentation à 4,0 %. Le glissement annuel de l’indice IPCH total s’élèverait à 4,2 % au quatrième trimestre 2023, et à 3,2 % pour l’indice IPCH hors énergie et alimentation (contre respectivement 7,0 % et 4,2 % un an plus tôt).
En 2024, l’inflation totale reculerait à 2,5 % et l’inflation hors énergie et alimentation diminuerait plus lentement à 2,8 %. La modération des hausses de prix de l’alimentation se poursuivrait en lien avec la moindre progression des prix de production agroalimentaires observé depuis plusieurs mois, sous l’hypothèse que les révisions de prix discutées dans le cadre des prochaines négociations commerciales s’achevant fin janvier 2024 restent contenues. Malgré les tensions géopolitiques au Proche-Orient, les prix de l’énergie ne devraient pas s’accroître. De son côté, l’inflation hors énergie et alimentation serait essentiellement tirée par la composante des services, sous l’effet des hausses retardées des salaires, les augmentations des prix des produits manufacturés s’amenuisant nettement dans le sillage des prix de production, qui ralentissent depuis le début de l’année.
En 2025 et 2026, sous le double effet de la poursuite de la normalisation des prix des matières premières alimentaires et énergétiques, mais aussi de l’impact retardé du resserrement passé de la politique monétaire sur l’inflation hors énergie et aliment
ation, l’inflation totale s’élèverait respectivement à 1,8 % et 1,7 %, et l’inflation hors énergie et alimentation à 2,2 % et 1,9 %, sans tension sur l’offre à ce stade du cycle économique.
Salaire, une atténuation des hausses
Le rythme d’augmentation sur un an des salaires nominaux pourrait avoir passé son pic du premier semestre 2023. Les augmentations de salaires résultent des revalorisations encore importantes du Smic et des minima de branche ainsi que les versements de la prime de partage de la valeur (PPV). En 2024, une modération est attendue avec le recul de l’inflation et de moindres versements de PPV, pénalisées par le changement de fiscalité qui entrera en vigueur au 1er janvier prochain. Pour l’ensemble des salariés, la PPV restera exonérée de cotisations sociales mais ne sera plus exonérée de l’impôt sur le revenu (IR), de la CSG et de la CRDS. La croissance du salaire moyen d’un emploi à plein temps s’élèverait à un peu plus de 4 % et de 3 % respectivement en 2024 et 2025. En 2026, les salaires nominaux continueraient de progresser à un rythme assez élevé, soutenus par le rebond des gains de productivité et un taux de chômage qui recommencerait à se réduire.
Dégradation du marché de l’emploi jusqu’en 2025
Après deux années de fortes créations d’emploi, celles-ci ont nettement ralenti aux deuxième et troisième trimestres (respectivement +16 000 et +21 000 créations nettes, après +70 000 au premier trimestre). L’emploi salarié pourrait se dégrader au quatrième trimestre. Cet ajustement de l’emploi qui se poursuivrait jusqu’en 2025 correspond à la fois aux effets retardés du ralentissement de l’activité et à un rétablissement partiel de la productivité du travail, qui a connu des pertes importantes depuis 2019.
Avec la disparition des créations d’emploi, le taux de chômage augmenterait jusqu’en 2025 pour atteindre 7,8 % de la population active. Il s’élevait à 7,4 % au troisième trimestre et à 7,2 % au deuxième trimestre. En 2026, l’économie française renouerait avec les créations nettes d’emplois, à la faveur d’une croissance du PIB plus forte. Le taux de chômage recommencerait à se réduire pour atteindre 7,5 % au quatrième trimestre 2026.
Une reprise de la consommation attendue
La consommation des ménages a été assez nettement révisée à la hausse sur les trimestres récents, suite notamment à l’utilisation de nouvelles données de caisses, plus détaillées. La consommation mensuelle de produits alimentaires estimée par l’Insee a été révisée à la hausse mais sa baisse demeure toujours d’ampleur historique (environ -10 % en volume entre mars 2021 et septembre 2023).
La consommation des ménages serait portée dans les prochains mois par les gains de pouvoir d’achat (1,0 % en 2023 et 2024, 0,7 % en 2025 et 0,9 % en 2026). Ces gains seraient principalement tirés par la progression du salaire moyen par tête, redevenue supérieure à l’inflation, prenant le relais de la forte augmentation de l’emploi observée en 2021 et 2022. Les ménages ne ressentent pas l’amélioration du pouvoir d’achat. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce décalage. L’estimation de l’INSEE est une moyenne. La situation des ménages peut différer en fonction de la catégorie sociale, le lieu d’habitation, le niveau de revenus. L’amélioration du pouvoir d’achat est en partie liée aux créations d’emploi. Celles-ci n’ont pas d’effets sur ceux qui sont déjà en emploi. L’inflation ressentie au quotidien donne un poids plus important aux produits achetés fréquemment, comme les produits pétroliers et alimentaires, qu’à l’inflation totale mesurée par l’Insee. Après une croissance en demi-teinte en 2023, soutenue par les gains de pouvoir d’achat et la baisse du taux d’épargne, la consommation des ménages se rétablirait entre 2024 et 2026, avec des taux de croissance de 1,5 % par an en moyenne.
Une légère baisse du taux d’épargne
À 17,4 % au troisième trimestre 2023, le taux d’épargne demeure au-dessus de sa moyenne de longue période d’avant crise sanitaire (14,7 % entre 2000 et 2019). La succession de chocs a eu comme conséquence une forte augmentation de l’épargne de précaution. Avec la diminution de l’inflation, la Banque de France s’attend à une légère baisse du taux d’épargne qui reviendrait à 16 % en 2026, soit un niveau toujours supérieur à celui d’avant covid.
Fort repli de l’investissement des ménages
En lien avec la hausse des taux d’intérêt, l’investissement des ménages (essentiellement à travers l’acquisition de logement) diminuerait de 3,6 % en 2023 et 4,1 % en 2024. L’investissement des ménages dans la transition énergétique devrait être néanmoins soutenue en 2024 par le dispositif MaPrimeRénov’.
L’investissement se stabiliserait dans le courant de 2025, pour progresser en 2026, quand les effets du resserrement des conditions financières se seront estompés et que le pouvoir d’achat immobilier des ménages aura commencé à se redresser.
Une reprise de l’investissement des entreprises prévue pour 2025
Avec le durcissement de l’accès au crédit et l’augmentation des coûts de financement, l’investissement des entreprises connaîtrait un creux à la mi-2024, avant de progresser à nouveau en 2025-2026. Après avoir atteint 31,7 % en 2022, le taux de marge des sociétés non financières resterait relativement stable, pour s’établir à 32,5 % en 2026. Les gains de productivité par tête compenseraient la progression soutenue des salaires réels, alors que les années précédentes les pertes de productivité avaient été compensées par le repli des salaires réels. Le taux de marge, plus élevé en 2026 que son niveau pré-Covid de 31,5 % en 2018 (année retenue comme référence au lieu de 2019, pour éviter le double compte du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, CICE), s’expliquerait également par le maintien des soutiens budgétaires (baisse des impôts de production, subventions à l’investissement, etc.) mis en place ces dernières années, dont l’impact serait cependant amorti par une transmission partielle aux salaires et aux prix. Cette bonne résilience des marges est toutefois à nuancer du fait de charges financières en hausse à mesure que les entreprises renouvelleront leurs emprunts à des taux d’intérêt plus élevés.
Une faible réduction du déficit public
En 2023, le déficit public se stabiliserait autour de 4,8 % du PIB, comme en 2022. Le déficit public devrait diminuer progressivement pour atteindre environ 3,9 % du PIB en 2026, un niveau encore supérieur à 2019. Cette diminution proviendrait d’une baisse du taux de dépenses publiques, tandis que les recettes resteraient stables en pourcentage du PIB. Le taux de dépenses publiques hors crédits d’impôt resterait cependant encore bien supérieur au ratio de 2019, en raison notamment de la hausse de la charge de la dette, ainsi que de la persistance de certaines mesures discrétionnaires (France 2030, mesures environnementales, etc.).
Après avoir un peu reculé à 109,9 % du PIB en 2023, le ratio de la dette publique cesserait de se replier et s’établirait, sans nouvelles mesures, à environ 111 % du PIB en fin d’horizon de prévision, soit un niveau à peine inférieur à celui de 2020. À titre de comparaison, pour l’ensemble de la zone euro, ce ratio baisserait de 9 points entre 2020 et 2026 (pour s’établir à 88 % du PIB selon les projections de l’Eurosystème), effaçant ainsi la quasi-totalité de la hausse antérieure. Cela entraînerait un écart de plus de 20 points de PIB entre la France et la zone euro en fin de projection. La charge d’intérêt serait de 1,7 % du PIB en 2023, c
ontre 1,4 % du PIB en 2021).