Sat. Dec 21st, 2024

Par Olivier Robert, Directeur Gestion Taux, et Michel Zatarain, Gérant obligataires chez BFT IM

Encore peu connus du grand public, les fonds à échéance peuvent répondre aux besoins de nombreux investisseurs. Ces fonds obligataires ont une particularité : offrir un rendement élevé et prévisible pour l’investisseur, tout en conservant un risque modéré.

 

Fonds à échéance : comment ça marche ?

 

Les fonds à échéance sont des OPCVM investis en obligations à haut rendement (« high yield »), émises par différentes entreprises de maturité inférieure à une date d’échéance fixée. Lorsque toutes les obligations du fonds arrivent à échéance la même année, par exemple en 2021, 2023 ou 2025, le fonds est alors dissous et les investisseurs récupèrent leur capital en plus des coupons versés tout au long de la durée de vie du fonds. Les investisseurs qui achètent des parts de ces fonds peuvent ainsi investir dans le fonds à échéance de leur choix en fonction de l’horizon d’investissement dont ils disposent (3, 5 ou 7 ans par exemple), ou du rendement-cible qu’ils souhaitent obtenir (3%, 4% ou plus). Un fonds à échéance à horizon 2024 permet par exemple d’obtenir un rendement proche de 4% par an en taux actuariel, hors cas de défaut de l’émetteur[1].

En effet, ces fonds se distinguent des fonds obligataires classiques du fait que leur rendement futur peut être connu d’avance puisque le rendement de chaque titre en portefeuille est connu lors de la création du fonds. Ceci permet aux investisseurs de bénéficier d’une très bonne visibilité sur leur investissement. Tel n’est pas toujours le cas des autres fonds obligataires, dont le rendement est variable d’une année sur l’autre. Les performances des fonds obligataires « classiques » restent en effet dépendantes de l’évolution des taux du marché, alors que cette évolution n’a pas d’incidence pour un investisseur présent sur un fonds à échéance s’il le conserve jusqu’à sa dissolution.

 

À noter enfin que ces produits, comme tout OPCVM, restent par ailleurs liquides : les investisseurs peuvent entrer ou sortir à tout moment d’un fonds à échéance s’ils le souhaitent.

 

Des produits intéressants dans le contexte actuel


De manière logique, les fonds à échéance suscitent un intérêt croissant auprès des investisseurs français depuis quelques années dans un contexte de taux bas sur les autres solutions d’épargne, qu’il s’agisse du Livret A, des fonds en euros d’assurance-vie ou des autres fonds obligataires. Les rendements des marchés actions peuvent quant à eux être substantiels, mais restent volatils.

Dans ce contexte, les obligations à haut rendement constituent l’un des rares segments à offrir des rendements encore consistants, pouvant dépasser 4 voire 5% par an en fonction des échéances et de la notation des émetteurs. En contrepartie de ce fort rendement, le risque de défaut sur ces titres est plus élevé que la moyenne car ceux-ci sont notés BB, B ou CCC par les agences de notation. Il est donc primordial d’identifier en amont les dossiers les plus intéressants et les plus solides pour effectuer une bonne sélection de titres. Le choix est vaste : le marché de la dette high yield libellée en euros représente 300 milliards d’euros, soit un vaste univers d’investissement au sein duquel les opportunités sont nombreuses. Sur ce marché se trouvent non seulement des émetteurs européens, mais également des émetteurs américains qui cherchent à se financer en euros.

 

Une gestion active pour optimiser le rendement du portefeuille


Pour profiter d’un maximum d’opportunités et limiter les éventuels risques pendant la vie d’un fonds à échéance, la gestion reste active pour optimiser son rendement. Le gérant peut notamment prendre des bénéfices sur certains titres lorsque ceux-ci s’envolent en cas d’amélioration de la note de l’émetteur, ou vendre un titre lorsque le profil de l’emprunteur se dégrade trop. De cette manière, il devient possible de minimiser le risque de défaut au sein du portefeuille.

Avec les sommes dégagées par ces ventes, le gérant peut acheter d’autres titres qui présentent un profil plus attrayant. En somme, bien que l’essentiel de la sélection des titres en portefeuille se fasse lors du lancement du fonds, le gérant reste à tout moment à l’affût des opportunités : c’est le principe du « buy and watch ». Ainsi, il est possible qu’entre le lancement d’un fonds à échéance et sa dissolution, la moitié des titres présents en portefeuille aient été remplacés pour optimiser son rendement.

Les fonds à échéance présentent donc de nombreux avantages pour les investisseurs, qui s’ajoutent aux atouts de tout OPCVM : diversification sur un large nombre de titres et liquidité quotidienne. Cette dernière caractéristique est particulièrement utile dans l’univers des obligations « high yield », très difficile d’accès pour les investisseurs non professionnels.

 

[1] Rendement calculé en tenant compte des conditions de marchés à Novembre 2018

 

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