Thu. Nov 21st, 2024

Stéphane Déo- stratégiste – Direction de la gestion – LBPAM

 

« Guerre des changes » ?

La PBOC est intervenue hier, stoppant la dépréciation du CNY, un signe d’accalmie (ou du moins un arrêt de l’escalade) dans la guerre commerciale. Les mouvements sur les changes se poursuivent, dernières victimes collatérales : le dollar australien et le dollar néo-zélandais. Il nous semble toutefois excessif ou prématuré à ce stade de parler de « guerre des changes ». Le dernier Eurobaromètre montre un support à l’Europe en hausse.

Point de marché : courage, fuyons

Un moyen de savoir si les investisseurs sont optimistes sur la bourse et sont investis est de regarder la sensibilité du portefeuille aux variations du marché actions, i.e. on regarde leur beta. Si le beta est élevé, les investisseurs sont très exposés au marché, c’est donc qu’ils attendent une hausse.

Les derniers chiffres, d’après nos calculs, montrent exactement l’inverse, la sensibilité au marché des Hedge Funds actions est particulièrement basse et s’est effondrée récemment.

C’est un signe que ces investisseurs ne souhaitent pas porter un risque actions important et se sont désengagés.

 

Accalmie dans la « guerre des changes »

  1. Accalmie :

La devise chinoise, après une dépréciation importante depuis la fin de la semaine dernière, s’est enfin stabilisée sur intervention de la PBOC mardi. Un bon signe.

Il faut en profiter pour relativiser la « guerre des changes » : le CNY s’est déprécié de moins de 5% depuis son plus haut de l’année en avril et de moins de 2% depuis la fin de la semaine dernière. Des variations certes loin d’être négligeables, mais qui restent limitées ; et donc parler de « guerre des changes » parait tout de même un peu excessif ou prématuré.

La stabilisation du CNY hier peut être vue comme une volonté de désescalade par les autorités chinoises (ou à minima une volonté de ne pas mettre d’huile sur le feu). La PBOC a d’ailleurs choisi comme fixing 6,9996 pour le yuan contre dollar hier soir, sous la barre symbolique de 7.

 

2. Dommages collatéraux :

Il est vrai en revanche que les mouvements du yuan impactent de plus en plus la zone Asie-Pacifique. Nous avions parlé hier des devises du sud-est asiatique qui se déprécient. Ce matin deux autres pays très liés à la Chine ont vu aussi leurs monnaies sous pression : l’Australie et la Nouvelle Zélande. La banque centrale néo-zélandaise a baissé ses taux de 50 pdb, contre 25 attendus. Résultat, le dollar néo-zélandais plonge, presque 2% en une journée. Son compère australien le suit : plus de 5% de dépréciation depuis mi-juillet et -0,7% ce matin.

3. Le Yuan comme baromètre des tensions sino-américaines :

Les variations de CNY deviennent de plus en plus le baromètre des tensions sino-américaines, le graphique ci-dessous montre que les actifs risqués, en l’occurrence la bourse européenne, suivent comme une ombre la devise chinoise.

A ce titre aussi, l’intervention de la PBOC pour empêcher la dépréciation de la devise est donc une bonne nouvelle. Tout mouvement en sens inverse, qui serait un signe d’escalade de la guerre commerciale, pénaliserait les actifs risqués.

 

Eurobaromètre : support pour l’Europe en hausse

Le dernier « Eurobaromètre » est sorti, il réserve quelques surprises (positives, profitons-en !) sur la perception de l’Europe. Le support à l’Europe, en progression constante depuis le début de la décennie atteint un plus haut historique à 76%.

Il faut remercier no futurs-ex-amis britanniques d’avoir fait la preuve par l’absurde (comme le terme est adéquat dans ce cas !) que sortir de l’Europe n’est pas une bonne idée.

Les détails sont aussi intéressants ;

L’immigration est de moins en moins un problème majeur, elle l’était pour 58% des européens en 2015, mais seulement 34% actuellement. L’environnement en revanche est en progression forte ; de 10% en 2014 à 35% actuellement.

 

L’optimisme sur le futur de l’Europe est au plus haut depuis ma crise de 2009.

La confiance dans les institutions européennes est au plus haut de la décennie elle aussi. Plus surprenant, l’écart avec la confiance dans les institutions domestiques est aussi au plus haut.

 

 

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