ACTION FUTURE 12 – L’univers de la Gestion professionnelle
Charles Dereeper
Poussé par le récent marché baissier qui a duré trois ans et entraîné chez de nombreux investisseurs particuliers des pertes plus ou moins substantielles, Rothschild Gestion s’est lancé dans la gestion « absolute return ». L’objectif est de gagner de l’argent chaque année et ce, quelle que soit la tendance des
marchés. Le temps des benchmarks tout-puissants est partiellement révolu : place désormais au timing actif et à l’émergence de fonds gérés activement.
Nous avons souhaité chez Action Future rencontrer le gérant en charge de l’approche « absolute return » de Rothschild Gestion, car cette dernière se rapproche finalement assez bien des préoccupations d’un certain nombre d’investisseurs particuliers : intervenir uniquement dans le sens de l’achat, ne pas utiliser l’effet de levier et tenter d’être positif chaque année, malgré la présence de marchés baissiers. En outre, Stanislas Bernard évolue à un haut niveau dans la gestion professionnelle de capitaux en France. Son expérience est donc à ce titre très intéressante. D’ailleurs, il incarne à tous points de vue l’image que l’économiste Keynes utilisait en parlant de la problématique des marchés financiers. Il les comparait en effet à un concours de jeunes beautés où les intervenants mâles devaient non pas déterminer quelle était la fille la plus jolie, mais celle qui remporterait le plus de suffrages au sein de l’ensemble des garçons. Une nuance de taille, car dans ce type de jeu, une fille au physique agréable mais au charme médian a finalement plus de probabilités de gagner qu’une fille jolie mais au physique particulier qui peut déplaire à certains. Concrètement, cela signifie que les marchés financiers peuvent se
déconnecter de la réalité, lorsqu’une majorité d’intervenants ne perçoit plus correctement la situation. L’essentiel consiste alors à miser non plus sur la réalité factuelle mais sur l’illusion… jusqu’à ce que celle-ci s’écroule. Cette logique permet d’expliquer les bulles comme celle du secteur de la technologie où de nombreux experts étaient parvenus à se convaincre en 2000 que les services permettaient de s’affranchir des cycles économiques. Certains sont même allés jusqu’à annoncer un Dow Jones à 36 000 points. Mais les incohérences des marchés financiers ne s’arrêtent jamais. Elles sont perpétuelles.
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