Rebond du CAC40 sur un moindre mal politique…attention au retour de bâton ?
Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France
L’hypothèse de la suspension de la réforme des retraites pour éviter une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale a provoqué un rebond du CAC40, mais le problème de fond reste entier.
Après la stupéfaction de l’annonce de la démission surprise de Sebastien Lecornu lundi, les marchés ont retrouvé un peu de calme après l’évocation d’une possible suspension temporaire de la réforme des retraites. Le CAC40 est revenu au-dessus des 8000 points et l’écart entre les taux 10 ans de la France et de l’Allemagne (le « spread ») s’est un peu résorbé. Pour mémoire, cet écart était de 81 points de base vendredi soir, avant l’annonce de la démission, il est monté à plus de 87 points de base lundi matin après l’annonce, et il évoluait jeudi en milieu d’après-midi à 82 points de base. Les taux de la France sur le marché obligataire souverain se sont également légèrement détendus.
Alors qu’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale semblait l’issue la plus probable de cette situation de blocage politique, l’hypothèse d’une suspension temporaire de la réforme des retraites a été perçue comme une bouffée d’oxygène.
Mais une détente durable du risque entourant la France sur les marchés financiers semble improbable car le problème initial, avant l’instabilité politique, était celui de la trajectoire budgétaire avec un déficit intenable. Et une suspension temporaire de la réforme des retraites n’apporterait aucune solution concrète de ce point de vue-là. Elle ne ferait que décaler le problème. Et c’est probablement ce que ne manqueront pas de rappeler les agences de notation Moody’s et S&P Global fin octobre et en novembre, après la dégradation de la note souveraine de la France par Fitch il y a quelques semaines…
Il est donc probable que le répit observé sur le CAC40, sur les taux et sur le spread avec l’Allemagne ne soit que temporaire.