Tue. Dec 3rd, 2024

Investissement dans l’industrie : des évolutions  encourageantes 

Les investissements des entreprises dans l’industrie sont dynamiques, ce qui indiquerait  que la réindustrialisation de la France est en cours. Des données font état d’un nombre  d’ouverture d’usines supérieur au nombre de fermetures1, alors qu’au cours de la dernière  décennie les fermetures ont été supérieures aux ouvertures. De plus, la France semble plus  attractive que ses voisins européens en ce qui concerne la localisation des investissements  industriels étrangers2. Enfin, les soldes d’opinions des industriels (écart entre le pourcentage de  réponses « en hausse » et le pourcentage de réponses « en baisse ») indique une forte hausse  des décisions d’investissement en 2021 et 20223

Solde d’opinion investissements prévus industrie (Insee)

 

La production manufacturière française peine à rebondir.

Au troisième trimestre 2023, la  production manufacturière française était inférireure de -1 % à son niveau d’avant la crise  sanitaire (T4 2019) et de -7 % par rapport à son pic du premier trimestre 2008. Hormi le rebond  mécanique de 2021 et 2022 suite à l’effondrement de la production liée aux confinements, il ne  s’observe pas actuellement de hausse notable de la production malgré la croissance des  investissements dans l’industrie. Trois facteurs peuvent expliquer le paradoxe entre une hausse  des investissements et un volume de production stagnant. 

– La productivité du travail dans l’industrie est en baisse.

La hausse de l’emploi  manufacturier, tirée par les investissements dynamiques, est une « victoire à la Pyrrhus ». Le  nombre d’emplois manufacturiers est certes reparti à la hausse, avec environ 100 000 créations  nettes d’emplois depuis un point bas atteint en 2017, à moins de 2,8 millions d’emplois  manufacturiers. Cependant, depuis une vingtaine d’années, la France a perdu près d’un million  d’emplois industriels. De plus, la productivité manufacturière, qui avait augmenté entre 2000  et 2019 (moins de 55 000 € de production manufacturière par salarié en 2000 contre 72 000 €  par salarié en 2019, à euros constants4) est repartie à la baisse depuis. Les raisons de cette  contraction de la productivité font encore l’objet de débats (parmi les causes possibles figurent la hausse du nombre d’apprentis qui diminue le niveau d’expérience moyen des salariés ou  les perturbations des chaînes de valeur pendant la crise sanitaire qui mettent du temps à se  rétablir).  

– Il peut exister un décalage temporel entre la réalisation des investissements et la hausse  de la production manufacturière.

Les investissements engagés peuvent prendre plusieurs  années avant d’atteindre le maximum de leur capacité de production. Selon cette explication  optimiste, la production manufacturière est appelée à croître dans les prochaines années, une  fois les investissements actuels arrivés à leur terme. 

– Les nouveaux investissements ne se traduisent pas nécessairement par une extension des capacités de production.

Les soldes d’opinions des industriels indiquent, en 2021 et 2022,  une baisse sensible des investissements d’extension des capacités de production, une hausse  des investissements de modernisation et une stabilité des investissements de remplacement. Il  se peut que les investissements visant à accroître les capacités de production génèrent une  hausse plus forte de la production que les investissements de modernisation. Le type  d’investissements engagés par les entreprises en France pourrait ainsi expliquer que le volume  de production n’augmente pas comme on pourrait s’y attendre.

 

  

 

Parvenir à réindustrialiser : Des efforts de fond  dans la durée 

Accroître significativement la production manufacturière implique de résoudre les  difficultés structurelles du pays. Il serait illusoire de chercher à combler rapidement les  faiblesses de l’industrie française dont la crise, due à des difficultés profondes, ne peut être  traitée que dans la durée. Parmi les multiples causes qui handicapent l’industrie française, trois  semblent fondamentales : le niveau de formation, l’environnement administratif et la recherche développement. 

– Les lacunes du système éducatif français sont bien documentées. Les classements PISA  montrent notamment que le niveau des élèves français est plutôt inférieur à celui de la  moyenne des autres pays développés5. Or, un des obstacles à la réindustrialisation est le  manque de personnel qualifié. L’Allemagne ou la Suisse bénéficient pour leur part d’un  système éducatif professionnalisant qui soutient leur industrie. 

– La lourdeur bureaucratique handicape l’industrie française. L’annulation d’un projet  d’usine de viennoiserie en Bretagne illustre les obstacles administratifs à la construction  d’usines6. D’une manière plus générale, dans le classement « Doing Business » de la Banque  Mondiale sur la facilité à faire des affaires, la France ne se classe que 32ème mondiale7

– Les dépenses de recherche-développement sont insuffisante. Pour des pays à haut niveau  de salaire comme la France, il est indispensable pour l’industrie de proposer des produits haut  de gamme, ce qui implique un fort investissement en R&D. La France consacre 2,2 % de son  PIB à la R&D, ce qui est inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE, et deux fois moins élevé  qu’Israël ou la Corée du Sud8.

 

1 https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/reindustrialisation-un-peu-plus-de-creations-d-usines-que-de fermetures-en-france-au-1er-trimestre_AV-202304030084.html 

2 https://www.ey.com/fr_fr/attractiveness/barometre-de-l-attractivite-de-la-france/barometre-de-l-attractivite de-la-france-2023 

3 https://www.insee.fr/fr/statistiques/7456565 

2) Production manufacturière : les investissements  donnent des résultats Décevants 

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