Par Christopher Dembik , conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM
La vraie actualité de la semaine dernière, ce n’était pas la Banque Centrale Européenne qui s’est abstenue de dévoiler un calendrier de baisse des taux. C’était la Chine. La banque centrale chinoise a annoncé une baisse de 50 points de base du taux de réserve obligatoire des banques, effectif à partir du 5 février. Cela va permettre d’injecter 1 000 milliards de yuans dans l’économie (soit 129 milliards d’euros au taux de change actuel). Certains y voient les prémices d’un plan de relance massif. Ils ont tort. Il s’agit d’une mesure de liquidité visant à éviter que celle-ci ne chute trop comme c’est souvent le cas pendant la période du Nouvel An chinois qui commence le 10 février cette année. A la marge, cela devrait aussi soutenir l’accès au crédit du marché immobilier. Mais ce n’est en aucun cas le début d’une relance. D’ailleurs, le marché boursier chinois ne croit pas à ce scénario et continue de faire grise mine.
Perspectives
C’est maintenant au tour de la Réserve Fédérale (Fed) de se réunir les 30 et 31 janvier prochain. Les attentes sont élevées afin de savoir quel sera le calendrier de baisse des taux. Mais la banque centrale a tout intérêt à en dire le moins possible, dans l’immédiat. En effet, une mise à jour de la méthodologie du calcul de l’indice des prix à la consommation (IPC) aura lieu le 9 février. Cela ne devrait pas remettre en cause le processus de désinflation. En revanche, cela pourrait pousser à la hausse l’inflation du T4 2023, comme ce fut le cas au T4 2022 à la suite d’une mise à jour similaire. La Fed voudra s’assurer que la désinflation est toujours sur de bons rails avant de baisser effectivement les taux, ce qui implique d’avoir au moins deux voire trois publications de l’IPC supplémentaires au préalable. Cela nous amène au mois de mai, dans le meilleur des cas. Le marché monétaire estime qu’il y a 85% de probabilités pour que la banque centrale commence son cycle d’assouplissement à ce moment-là. Restons prudents. Il y a moins de quinze jours de cela, le scénario central du marché était une première baisse le 20 mars.