Wed. Dec 4th, 2024

Par Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France

Le spread OAT-Bund est le thermomètre favori des investisseurs pour mesurer la température de la France sur les marchés.

Il s’agit de l‘écart entre les taux à 10 ans de la France et de l’Allemagne : plus il diminue, plus positif est le sentiment sur les marchés, plus il s’élargit, plus la défiance augmente vis-à-vis de la France.

Alors, sommes-nous en situation de crise ou de panique ? Il est important de donner quelques repères historiques. Entre 2002 et 2007 cet écart de taux était quasi inexistant ce qui signifie que les taux de référence à 10 ans des deux pays étaient régulièrement au même niveau. Puis il est monté à 70 points de base en 2009, lors de la crise des subprimes aux Etats-Unis.

Mais la panique, c’est en novembre 2011, lors de la crise de la dette en zone euro, que ce spread est monté à 190 points de base, c’est-à-dire 1.9% d’écart entre les deux taux. Et pour les pays les plus fragiles de la zone euro à l’époque, comme l’Italie par exemple, ce spread était même monté à près de 550 points de base. Pire encore, le Portugal dont le taux à 10 ans s’était écarté de…1550 points de base avec le 10 ans allemand, c’est-à-dire plus de 15% d’écart ! Sans oublier, pour terminer, le risque ultime avec l’écart de…3800 points de base (!) entre les taux 10 ans de la Grèce et de l’Allemagne en mars 2012.

Voilà ce qu’est une situation de panique, un risque systémique, sur les marchés financiers.

Donc, à un peu moins de 90 points de base en ce lundi matin, nous ne pouvons pas considérer la situation comme une situation de panique mais plutôt comme une situation de nervosité et de vigilance des marchés financiers.

Il est également bon de noter que, pour l’instant, il n’y a pas de contagion de la situation française au reste du marché obligataire souverain de la zone euro : le spread Italie-Allemagne reste proche de 120 points de base, son plus bas niveau en 3 ans.

Autre élément de contexte à souligner : les taux à 10 ans des pays européens se replient depuis début novembre (un mix entre craintes commerciales avec les Etats-Unis et dégradation des indices PMI d’activité en zone euro, mais aussi anticipation de baisses de taux supplémentaires de la BCE) et cet élargissement du spread OAT-Bund intervient dans cette phase de repli généralisé des taux. Il n’y a donc pas, à ce stade, de rebond du taux 10 ans français (ce qui serait alors plus inquiétant, notamment si tous les taux des pays voisins continuaient de baisser au même moment).

Enfin, l’absence de dégradation de la perspective de la France par l’agence de notation Standard & Poor’s (qui a maintenu la note AA- assortie d’une perspective stable) vendredi soir est une bonne surprise dans le contexte actuel.

Le marché des cryptos a largement montré, en 2022 notamment, qu’il était sensible à la politique monétaire américaine. Donc la question d’une correction sur le Bitcoin se pose légitimement actuellement.

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