Sat. Nov 23rd, 2024

Alexandre Baradez – Responsable Analyses Marchés – IG France

Difficile d’être optimiste pour la croissance mondiale et pour l’évolution des marchés actions dans les mois qui viennent malgré l’issue récente du G20 et les messages accommodants envoyés par les banques centrales ces derniers mois. Sans se baser sur les prévisions du FMI qui anticipe toujours, pour 2019, le plus faible taux de croissance mondiale depuis la crise financière, plusieurs indicateurs avancés, notamment aux États-Unis, envoient des signaux inquiétants.

Quand on parle de l’économie américaine, on fait tout de suite référence à la consommation qui représente la plus grande partie du PIB. Et les derniers chiffres ne sont pas rassurants : 3ème repli des commandes de biens durables sur les 4 derniers mois et repli de la confiance des consommateurs sur les niveaux de septembre 2017 dans un contexte de tensions commerciales. D’autres statistiques américaines inquiètent comme la plus faible progression du prix des maisons depuis 2012. Mais c’est probablement les indicateurs « soft », dont les PMI et l’ISM font partie, qui envoient les signaux les plus dangereux. L’indice PMI Manufacturier américain est tombé à 50.1 en juin, son plus bas niveau depuis septembre 2009, à limite de la contraction…

 

Et ce n’est pas beaucoup mieux pour les services. Là aussi, douche froide depuis quelques mois : l’indice PMI Services est tombé à 50.7 en juin, son plus bas niveau depuis février 2016. Il est tombé en seulement 4 mois de 56.0 à 50.7, là aussi très proche de la zone 50.0 qui délimite l’expansion de la contraction. Forte dégradation également de l’ISM Manufacturier qui évoluait à plus de 60.0 en août dernier contre 52.1 en mai.

 

Dans un contexte où les chiffres macroéconomiques sont inférieurs aux attentes, les marchés actions devraient corriger… Mais c’était sans compter sur la rhétorique très accommodante des banquiers centraux depuis janvier, que ce soit en Europe ou aux États-Unis. Des interventions qui ont renforcé l’appétit pour la dette à risque américaine (High Yield US) dans un contexte de ralentissement économique mondial. C’est un match macroéconomie contre banques centrales qui se joue actuellement sur les marchés.

 

Nous sommes dans la 3ème phase de ralentissement du commerce mondial depuis la crise des subprimes (2007-2009) aux États-Unis. La dernière phase de ralentissement était due à la crise des pays émergents. Nous en étions sorti en 2015-2016 par une relance massive de la Chine, le lancement du QE de la BCE et nous n’étions alors qu’au début du cycle de relèvement des taux de la Fed. Et il n’y avait pas le degré de tensions commerciales mondiales actuel. La situation aujourd’hui est donc sensiblement différente et il semble difficile de parier sur un scénario rapide d’accélération de la croissance.

 

Difficile également d’attendre un miracle en zone euro au moment où le climat des affaires tombe sur un plus bas de 3 ans, au moment où l’Allemagne continue d’inquiéter avec un secteur manufacturier en souffrance et un indice de sentiment économique (ZEW) qui s’est violemment retourné une nouvelle fois.

 

Quant à la Chine, elle connait sa plus faible croissance de la production industrielle depuis 2002 et une progression des ventes au détail sur les niveaux de 2003.

 

Dans ce contexte, les fonds obligataires ont enregistré 25 semaines consécutives de flux entrants et les points bas de volatilité sur les indices actions se redressent depuis quelques mois. Le 3ème trimestre ne sera pas un long fleuve tranquille.

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