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Sébastien OUM, spécialiste en change et politique monétaire – CEO de Ambriva (Services et solutions de change pour les entreprises) analyse les enjeux de cette rencontre internationale du Sommet du G7 en France, qui risque d’accentuer une guerre monétaire. Le conflit sino-américain, le Brexit, le CETA et les différentes tensions internationales risquent d’avoir des répercussions sur le climat des affaires commerciales, y compris pour la France.

Le Sommet du G7 qui aura lieu en France, du 24 au 26 août 2019 à Biarritz réunira les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Japon. Le FMI, l’ONU et l’OCDE seront également représentés. Le menu des chefs d’Etats et de Gouvernements s’annonce copieux. Le Brexit et la menace d’un “no-deal” de la part de Boris Johnson n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Plus qu’une manoeuvre tactique, le bras de fer entre les institutions européennes et Londres est source d’incertitudes pour les marchés intérieurs et extérieurs à l’Europe. De fait, la situation n’est pas évidente pour conduire une politique monétaire stable pour l’Euro. La France n’est pas plus rassurée au sujet des échanges commerciaux qu’elle entretient outre-Manche.

 

Brexit et CETA

A plus forte raison que le Ministère des Finances et Natixis révèlent un solde des échanges avec le reste du monde déficitaire à hauteur de 5,2 milliards d’euros en juin dernier. Si les exportations tricolores ont été dynamiques au premier semestre, le déficit commercial  français se creuse. Ces indicateurs sans être pour le moment alarmants, pourraient connaître une embellie si le CETA ratifié par l’Assemblée Nationale début juillet produit ses effets. En plus de la suppression des droits de douanes qu’il procure sur la quasi-totalité des produits échangés entre le Canada et l’Union européenne, il va permettre la reconnaissance par Ottawa, de 143 produits d’origine géographique protégée, dont 42 françaises pour le seul secteur de l’agro-alimentaire. Malgré la controverse soutenue en France, cet accord s’annonce prometteur. Rappelons que l’excédent commercial français avec le pays nord-américain est passé de 50 à 450 millions d’euros entre 2017 et 2018.

 

Conflit sino-américain

De part et d’autre du Pacifique, le conflit sino-américain fait rage. Après l’escalade verbale, les tensions commerciales prennent une autre tournure : la guerre des monnaies. D’ailleurs, Pékin a laissé filer le yuan alors que cette devise ne flotte habituellement pas librement. La Banque centrale de Chine a en effet, autorisé sa baisse lundi dernier, pour répondre aux nouvelles taxes de 10% que le Président des USA veut imposer sur les 300 milliards de dollars que pèsent les importations chinoises, jusqu’ici épargnées.

Que peut répondre Trump face à ce qu’il qualifie lui-même “d’une manipulation des devises” ? Soit appliquer des sanctions supplémentaires qui vont encourager la Chine à poursuivre sur le chemin de la dévaluation. Soit bousculer son propre marché des changes en affaiblissant le “billet vert”, pour rendre encore plus compétitives les exportations américaines. Une chose est certaine : Trump ne voudra pas caler à la veille des élections présidentielles américaines. S’il est battu, la Chine envisagerait de négocier des accords plus favorables avec les USA. D’ici là, Xi Jimping estime qu’il est assez fort pour mener la guerre commerciale et monétaire dans la durée.

 

L’Euro fort ? 

La lutte sino-américaine pourrait faire remonter l’Euro et obligerait alors la Banque Centrale Européenne à sortir de sa réserve au moyen d’un soutien économique aux pays membres. Un Euro fort qui pourrait avoir pour conséquences de ralentir les exportations industrielles affaiblies par la crise allemande de l’automobile. Un secteur d’activités qui pèse 20% du PIB de l’Allemagne et dont l’évolution des normes d’émissions polluantes a fortement perturbé la production. En tout état de cause, la dévaluation simultanée des monnaies américaines et chinoises risquerait, selon les analystes, de fragiliser les marchés européens et de créer les conditions d’une possible récession sur le continent européen.

 

L’or, grand gagnant

Dans cette guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis où les matières premières sont sous pression, le grand gagnant est l’or dont le cours ne cesse de s’envoler depuis juin. Actuellement au dessus de la barre des 1400 dollars l’once, il n’avait jamais atteint un pareil niveau depuis presque dix ans. Un métal jaune dont la demande est croissant auprès des particuliers et des investisseurs, dont l’achat donne actuellement lieu à des spéculations. A l’inverse, les métaux industriels sont en repli du fait du contentieux bilatéral, encourageant les investisseurs à la prudence.

Huit ans après le Sommet de Deauville, c’est au tour de la France de prendre la présidence du G7 cette année. Il est fort à parier qu’il se déroulera sur fond de guerre monétaire larvée et de tensions politiques.

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