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ACTION FUTURE 22 – Économie

Christian Pinchart

Il n’y a pas, en bourse, de bonnes ni de mauvaises valeurs : rien que des opportunités qu’il faut savoir saisir, c’est le credo des « gestions actives ».
On cite souvent Keynes et son « Concours de Beauté ». Rappelons de quoi il s’agit, mais de façon plus prosaïque : les adeptes de ce type de gestion se comportent comme des commerçants sur un marché de gros. La meilleure marchandise est celle que leurs clients préféreront en leur laissant la plus confortable marge. Alors certains cherchent à se faire une idée de la juste valeur (par opposition aux cours) des actions, d’autres s’en remettent à la propension mimétique des agents et se fondent sur des signaux graphiques … Mais ne sont-ils pas tous victimes d’illusions d’optique ?
Une grande majorité d’opérateurs en effet, qui visent une clientèle moins exigeante et réalisent (de loin !) le plus gros volume de transactions, s’en moquent au point de les renvoyer tous, fondamentalistes ou chartistes, dos-à-dos : l’hypothèse d’efficacité des marchés (EMH) enseigne aux premiers que le prix d’une action représente la meilleure approximation possible de sa valeur ; et apprend aux seconds que la marche au hasard des cours qui en résulte rend parfaitement illusoire l’existence d’opportunités isolables !…
On peut donc se demander si, en Bourse comme ailleurs, l’espèce des « petits commerçants » n’est pas en voie de disparition ? Nous croyons au contraire que la prépondérance des « centrales d’achat des supermarchés » pourraitbien leur assurer une « rente de situation » paradoxalement pérenne, à condition toutefois qu’ils retiennent aussi d’autres enseignements, moins anecdotiques et plus opérationnels, du Maître de Cambridge : « Le plus important pour l’investisseur, c’est l’aptitude des gains attendus à couvrir le risque de perte en capital issu d’une hausse de l’intérêt, lequel risque s’accroît comme le carré de ce taux ». Ou encore : « Ce n’est pas tant la hausse du taux de l’intérêt que la chute soudaine de l’efficacité marginale du capital qui fournit l’explication la plus normale et souvent l’explication principale du phénomène de crise. » (J.M.Keynes, Théorie Générale – 1936).
Essayons de rendre un peu plus concret ce propos. Il s’agit de concepts fondamentaux, bien sûr. Mais nous allons voir comment l’analyste technique pourrait avantageusement les déduire du marché de façon endogène, conformément à ses principes, à travers les notions de volatilité, de bénéfice implicite, et de valeur actuelle de ce bénéfice.
La notion de volatilité
La valeur des actions est, comme chacun sait, essentiellement psychologique parce que toujours dictée par un futur incertain. On ne voit donc ni où, ni comment il serait possible de trouver ailleurs qu’en bourse les paramètres de cette valeur. Or la première chose qui frappe tout le monde et effraie l’observateur candide, c’est l’irrégularité des prix. L’indicateur consensuel qui emporte tous les suffrages n’est ni fondamental ni même, à proprement parler, technique, mais simplement statistique : c’est l’écart-type annualisé des variations de cours.
Autrement dit, la volatilité, mesure habituelle (si ce n’est exhaustive…) du risque des actions. Le succès de cet-
te notion tient à ce qu’elle permet de prévoir rationnellement la plage dans laquelle les cours devraient normalement évoluer, sur un horizon donné : sous hypothèse d’efficacité forte en effet, les fourchettes d’incertitude indiquent une zone d’équiprobabilité des cours qui vont se placer aléatoirement dans cette zone.

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