Thu. Nov 21st, 2024

Par Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France

Après une respiration légitime de 4% ces dernières semaines à la suite du puissant rallye qui s’était enclenché fin octobre, le CAC40 cherche sa prochaine tendance alors que commence la saison des résultats.

L’absence de momentum du CAC40 est aussi due à la position toujours ferme de plusieurs membres de la BCE sur la question des taux. Au cours d’une séance de questions-réponses sur X la semaine dernières, Isabel Schnabel de la BCE, une voix très écoutée par les marchés, a déclaré que les pressions sous-jacentes sur les prix restaient élevées et que les taux devaient être suffisamment restrictifs aussi longtemps que nécessaire pour garantir que l’inflation revienne durablement à 2%. Ajoutant, et c’est une phrase importante, que « le ralentissement économique fait partie de la transmission de la politique monétaire ».

Ceci, en réponse à une question lui demandant pourquoi la BCE ne baissait-t-elle pas ses taux dans le contexte récessif actuel en Europe.

On se souvient que Christine Lagarde elle-même n’avait pas ouvert la porte aux discussions sur les baisses de taux lors de sa dernière conférence de presse mi-décembre contrairement au président de la Fed la veille, et ce alors même que les marchés anticipent près de 6 baisses de taux de 25 points de base en 2024, aussi bien pour la Fed que pour la BCE, avec un premier mouvement attendu en mars.

Les membres de la BCE attendent notamment des données supplémentaires sur le rythme de progression des salaires en zone euro pour prendre leur décision sur les taux. C’est ce qui ressort de l’interview de Philip Lane, chef économiste de la BCE, dans une interview au quotidien italien Corriere della Sera ce week-end. Il a déclaré que la BCE disposerait d’une série de données importantes d’ici la réunion de juin pour décider d’une séquence de baisse de taux.

Même s’il a ajouté que la BCE regardait toutes les données chaque semaine, cette mention du mois de juin jette pas mal de doute sur une intervention de la BCE sur ses taux au mois de mars, comme les marchés l’anticipent…Philip Lane a continué dans ce sens indiquant qu’une baisse trop rapide des taux pourrait déclencher une nouvelle vague d’inflation, pouvant forcer la BCE à relever encore ses taux.

Philip Lane avait également indiqué la semaine dernière que les baisses de taux n’étaient « pas un sujet à court terme »

Le CAC40 pourrait donc continuer d’être freiné dans ses ambitions haussières dans les semaines qui viennent à cause de la position « higher for longer » de la BCE sur ses taux. Et la question se pose aussi du côté des Etats-Unis pour la Fed. On se souvient que les colombes de la Fed avaient voulu tempérer les propos de Jerome Powell sur la question des baisses de taux.

Raphael Bostic, une vraie colombe de la Fed, a évoqué la semaine dernière, le troisième trimestre comme période possible pour une première baisse de taux. Très loin donc de l’anticipation des marchés d’une première baisse de taux en mars. Ce grand écart entre les anticipations de marché et les dernières déclarations des membres de la Fed et de la BCE pourrait s’avérer contre-productif pour les marchés actions dans les semaines qui viennent et pousser à un peu plus de consolidation avant la reprise du momentum haussier.

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