Par Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France
Depuis deux semaines, deux forces importantes s’exercent sur les grands indices américains : la poursuite du redressement des taux d’un côté et les résultats d’entreprises de l’autre.
C’est trois dernières semaines, c’est la poursuite de la hausse des taux américains ainsi qu’un discours nettement plus prudent de Jerome Powell sur la question des baisses de taux à venir de la Fed, qui avaient mis le feu aux poudres et déclenché une correction sur les indices américains. Le tout dans un contexte de hausse des matières premières et de géopolitique sensible.
Cette semaine ce sont les résultats des géants de la tech (Meta, Microsoft et Alphabet) qui ont animé la tendance…mais les questions de pression sur les prix aux Etats-Unis sont restées très présentes, comme en témoignent les chiffres publiés hier. L’inflation PCE core, l’inflation la plus surveillée par la Fed pour déterminer sa politique de taux, est ressortie sensiblement plus forte qu’attendu au premier trimestre à 3.7% alors que le consensus tablait sur 3.4%. Même constat pour l’indice des prix du PIB pour le premier trimestre ressorti à 3.1% contre un consensus de 3.0% et un chiffre précédent à 1.7%.
Alors même que la croissance américaine est ressortie moins bonne qu’attendu lors du premier trimestre, la pression sur les prix n’a pas fait de progrès, renforçant ainsi le sentiment que la Réserve Fédérale n’a toujours pas plus d’argument pour enclencher les premières baisses de taux.
Le taux 10 ans américain a atteint hier 4.74%, son plus haut niveau depuis le 2 novembre. Sachant qu’en décembre, ce même taux de référence était tombé à…3.80%. C’est donc un redressement très sensible des taux américains qui s’est opéré ces derniers mois, ce même redressement qui a obligé les investisseurs à prendre un peu leurs gains sur les indices américains ces derniers temps.
Il me semble, à court terme, que la question de l’inflation persistante est plus importante aux yeux des marchés actions, que la question des résultats d’entreprises. Même si les résultats des géants de la tech cette semaine ont fait bouger les indices, le sentiment est qu’il faudra aussi des chiffres d’inflation plus favorables pour que les sommets historiques soient revus sur le SP500, le Dow Jones ou encore le Nasdaq100 après la correction récente.
Formulé autrement, même si les résultats de Microsoft et Alphabet publiés hier soir sont très bons et ont entrainé un rebond des Futures sur indices américains, notamment après la déception Meta, de mauvais chiffres d’inflation PCE cet après-midi pourraient en gommer totalement les effets et entraîner les indices sous les points bas de la semaine dernière.
Les chiffres d’inflation PCE publiés à 14h30 sont probablement le rendez-vous le plus important de la semaine pour les marchés…et pour la Fed.